Véritable illusion cognitive cinématique, l'adaptation de Martin Scorcese, Shutter Island, est appréciable [surtout après trois visionnages], pour cette double mise en scène follement astucieuse mettant en vedette maître Dicaprio.
Il sera question de lier des associations, des perceptions, pensées et hypothèses pré-formatées nous laissant emprunter la voie d'une croyance que nous pensions vrai.
La mise en scène se voit réversible si l'on porte de l'attention à ces fines expressions offertes par des Mark Ruffalo et autres Ben Kingsley bourrés de talents, ainsi qu'à travers ces travelling latéraux absurdo-cartoonesques présageant une anomalie de la réalité.
En somme, la première partie de l'oeuvre est le canard, la fin se retrouve être le lapin si l'on superpose le film aux travaux du psychologue américain Joseph Jastrow dans Fact and Fable in Psychology (1900). Le lapin peut également à tout moment faire finalement penser au canard et inversement perpétuel.
Taquin, M.Scorcese joue avec notre esprit. Le challenge réside particulièrement dans la construction de cette ambiguïté psychologique continue, illustrée par une myriade de techniques de mise en scène et de mouvements de caméra, de simulations presque contrôlées de micro-expressions telles les demi-sourires de Mark Ruffalo, le tout rythmé par un montage astucieux qui mime l'esprit, lui-même composé de troubles, de faux-souvenirs, d'ellipses et de jump-cut.
Martin Scorcese. Son adaptation c'est l'esprit.
Coin-coin.