3éme film de Denis Villeneuve, 3éme tarte en pleine tronche.


Ça a commencé avec Incendies, continué avec Prisoners et se poursuit depuis peu avec ce nouveau long métrage.


C’est brutal, sec, âpre, violent et dégueulasse. C’est l’univers des cartels de drogues à la frontière américano-mexicaine et ils ne rigolent pas. Enlèvements, disparitions, exécutions affreuses, corps mutilés et amputés en pleine rue, viols, massacres, etc… tout est bon pour justifier leur mainmise sur le marché local.


Si on ajoute leurs concurrents sur place, c'est à dire la police locale plus proche d’un régiment armée qu’autre chose, le FBI et la CIA et leur fameux droit d’ingérence, les traitres ( des 2 côtés) ça donne un sacré foutoir où la population locale en chie grave.


C’est dans ce joyeux tableau malheureusement bien connu de nos jours et qui semble parti pour durer encore et encore que commence notre récit. En trombe ! Le FBI part à l’assaut d’une maison sur la bande son lourde et étouffante de Jóhann Jóhannsson.


Le résultat sera une véritable maison des horreurs ainsi que la perte d’agents sur le terrain. Sur ce, Kate (jouée très justement par Emily Blunt) qui était partie prenante pendant l’opération est recrutée avec l’accord de ses supérieurs par un dude appelé Matt en tong et très évasif (Josh Brolin, toujours bon dans ce type de rôle de parfait salopard à l’allure détendue). Pourquoi se porte-t-elle volontaire ? Parce qu’on lui offre l’opportunité de retrouver les responsables de ce qui a eu lieu dans la maison susmentionnée avant l’arrivée du FBI. Pis ça tombe bien, notre agent est divorcée et sans enfants donc pas d’attaches et moins de soucis sur le plan émotionnel.


Et là c’est le drame : On suivra de bout en bout (à quelques exceptions près) Kate qui assistera à l’enfer au sens propre. Et c’est déstructeur parce que si la mise en scène ne nous investit pas émotionnellement avec ce personnage elle nous fait ressentir ses sensations : Circonspecte, perdue, baladée sans explications, atterrée, choquée, sans défense, utilisée, résignée et enfin brisée.


C’est viscéral (termes assez galvaudé de nos jours ce qui est bien dommage) parce que le travail sur le son (très important car beaucoup d’échanges de tirs se font hors champ) associée au thème principal très lourd est parfaitement géré. L’image particulièrement léchée (certains plans sont de vrais peinture) ajoute une dimension supplémentaire en sublimant une zone pourtant horrible (les couchers de soleil, le désert, la vue de dessus via hélicoptère, la pluie au loin).


A ce titre la découverte de Juarez et la fusillade qui suit ainsi que toute la séquence finale (en infrarouge et en vision nocturne) en pleine nuit achève nos minuscules espoirs du bien-fondé de l’intervention américaine. Ils sont mieux organisé que les cartels mais opèrent à l’extérieur de leur territoire comme des cowboys, se basent sur des informations officieuses donnée à la dérobade dans un couloir et attaquent sans accord et en dehors de toute loi. Enfin pas tout à fait mais on ne le comprendra que bien plus tard ainsi que le rôle de Kate qui il faut bien l’admettre ne sert à rien sauf… c’est désespérant.


Leur mission n’est pas d’endiguer le trafic, ils souhaitent simplement le contrôler. Business is business as usual. La méthode est différente (quoique…) mais le but est le même.


Les forces de l’ordre mexicaines ne sont d’ailleurs pas mieux garnies entre corruption et traîtrise.


Ok mais Benicio Del Toro dans tout ça ? La presse en fait tout un foin et force est de constater qu’ils n’avaient pas menti. Son personnage est extrêmement rassurant et fichtrement terrible à la fois. Je m’arrêterai là. Une prestation de grande tenue pour un acteur qui ne cesse jamais de surprendre. Ce gars dégage toujours quelque chose même dans ses films les plus moyens (oui oui Wolfman aussi).


Je préciserai toutefois que si j’ai vu des vengeances par centaine au cinéma, celle-ci fut un coup en plein estomac. Pas démonstrative mais quelle tension !


Explications :


De bout en bout j’ai espéré que ça arrive et au moment fatidique tu es pris de stupeur devant la finalité de l’acte. C’est d’une horreur. J’avais le souffle coupé au sens littéral. Pourquoi ? Peut-être l’inutilité derrière quelques mouvements si secs. C’est d’un sauvage… J’ai mal au cœur rien qu’à y repenser. Une séquence qui je pense fera date mais qui je l’espère ne deviendra pas «culte » ou « badass ». Ça serait complètement déplacé…


C’est la marque d’une réalisation maîtrisée de A à Z.


La conclusion de cette histoire est à chialer. Pas de tristesse, mais d’impuissance. Foutez vos idéaux aux chiottes et laissez les civils subir. C’est un monde que vous ne comprenez pas et qui ne veut pas de vous.


C’est froid, pessimiste et vous allez avoir le cafard en sortant que vous connaissiez ou pas le thème souvent abordé sur pellicule. On n’y apprend rien de nouveau mais ce que la réalité peut faire mal lorsqu’une œuvre de fiction l’aborde intelligemment…

nawaks
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le 5 oct. 2015

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