Le cinéma de Denis Villeneuve est sans aucun doute l'un des plus prometteurs de ces dernières années. C'est un excellent faiseur d'images, capable d'insuffler une puissance rare dans les plans qui composent ses films. Ces derniers sont d'ailleurs d'une froideur et d'une sobriété assez glaçantes, en particulier pour ses deux derniers que sont Enemy et Sicario. Pour continuer dans cette logique, Sicario nous propose de suivre une agente du FBI détachée dans une unité d'Elite destinée à contrer la montée des Cartels de la drogue à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique en passant par la fameuse ville la plus dangereuse du monde : Ciudad Juarez.


Le film se veut donc extrêmement réaliste, il ne nous montre pas forcément la violence de manière frontale mais privilégie surtout les conséquences de cette violence qui elles nous sont montrées sans palliers de décompression. Le problème, c'est que le film souffre globalement d'un certain manque de rythme, causé notamment par une grande hétérogénéité entre les scènes, passant de moments chocs visuellement sublimes à scènes de dialogues banales déjà vues et revues dans ce genre de film. Il en ressort donc un sentiment étrange, comme un hybride un peu maudit entre chef d'oeuvre et film de série B. Pourtant, le film poursuit une certaine logique, une thématique chère à Villeuneuve qui prend en compte la gangrénisation du mal sur le bien et qui s'avère très pertinente dans le contexte de sa filmographie. De plus, la musique du film composée par ce génie de Johan Johanson est magnifique, faite de basses profondes et de tambours sourds, elle injecte au film une identité et une tension qui faisaient malheureusement défaut au scénario.


Un film que je conseille néanmoins, qui, sans être un chef d'oeuvre, nous propose tout de même l'une des meilleures expériences de cet automne.

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le 18 oct. 2015

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Audric  Milesi

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