A 74 ans, le bougre a encore frappé en transformant un grand livre de 304 pages en un grand film de 2h41 sur la foi, le prosélytisme et la notion de martyr.
Filmé avec une grande intelligence et fidèle au texte d'origine à un plan final près, Silence évite tous les écueils possibles, notamment dans sa dépiction des Japonais (à ne pas confondre avec la perception qu'en ont les frères) et des persos principaux. Il faut dire que Marty est sacrément aidé en cela par une tripottée d'acteurs de talent, Liam Neeson et Andrew Garfield en tête.
Le premier n'avait plus eu de rôle aussi intéressant depuis la Liste de Schindler (non, Taken n'est pas un rôle intéressant), tandis que le dernier n'avait jamais vraiment réussi à faire oublier son côté adolescent gentiment niais, y compris dans Hacksaw Ridge qui lui a pourtant valu une nomination aux Oscars.
En parlant des Oscars, il faudra m'expliquer comment un film d'une telle perfection visuelle et scénaristique peut être absent des nominations. Parce que Scorsese, non content d'explorer avec génie les tourments intérieurs d'un prêtre finalement plus orgueilleux que martyr, met également en scène le Japon du XVIIe siècle avec brio. Et pourtant, on a préféré nommé Mel Gibson et son film de guerre catholique.
Dans 10 ans, on verra bien lequel restera comme un chef d'oeuvre.