Tout comme beaucoup de productions de cette décennie, un terrible constat s'abat sur le film d'horreur : l'absence d'originalité. C'est peut être bête à dire mais pour que l'épouvante transperce son spectateur, pour qu'elle le hante nuit et jour encore plus qu'un furoncle, le cadre filmique est primordial. Ici nous avons droit à l'un de ces débuts de film déjà vu mille fois où une famille somme toute sympathique emménage dans une nouvelle maison au passé trouble...Bouhouhou vous en avez des frissons j'imagine. Toujours est-il que le film peut se targuer de ne pas seulement nous servir cela et puis de te balancer à la gueule des jumpscares d'esprits de petites filles aux cheveux longs, ça non...enfin presque non.


Ethan Hawke, notre héros dont les choix cinématographiques ne sont toujours pas de bons goût est un écrivain au succès daté, contraint à déménager avec sa famille pour pouvoir écrire sur une nouvelle enquête. Parce que oui il faut croire que changer de maison et avoir deux crédits sur les bras arrange les problèmes d'argent, ça se sait. Mais voilà, la nouvelle maison n'a pas été choisie au hasard. Elle est en réalité le lieu d'un crime atroce, événement certes tragique mais qui a de quoi exciter notre héros. Ecrire sur des affaires macabres en étant directement sur les lieux des crimes, voilà à quoi il passe son temps. Je peux le comprendre, c'est même plutôt cool. Ça l'est davantage lorsque dans le grenier Ethan tombe sur une boîte pleine de bobines de films ainsi qu'un projecteur. Sur les pellicules nous y verrons meurtres en pagaille, ajoutant ça et là une part de mysticisme assez prenante.


Et bien évidemment si notre héros ne contacte pas la police c'est bel et bien parce qu'il compte se servir de cette histoire pour gagner le Pullizer. C'est donc aidé d'un policier du coin, fan de ses ouvrages et prêt à tenir sa langue, que Ethan renforce l'alibi du on ne demande surtout pas d'aide parce que c'est plus marrant. Y'a du sens. C'est indéniablement l'un des points sur lesquels la plupart de ces films se cassent les dents alors estimons-nous heureux. On ajoute également de la motivation chez ce personnage courant après l'étrange au risque de faire souffrir les siens. Ethan est prêt à tout laisser se consumer autour de lui pour son livre, lui qui refuse d'être un écrivain moyen et oublié de tous. La profondeur, on l'a. Sert-elle au film pour le rendre pertinent ? Oui en partie car elle justifie son entrée dans une sorte de folie, encore une fois un détail de grande importance.


Les pseudos effets horrifiques comme des pétards mouillés avant que la véritable action ne te saute à la gorge, je connais bien, mais le coup du carton c'est la meilleure. Je m'explique : tandis que l'ami Ethan se fait des pauses toilettes entre deux petits films de famille se terminant par des énièmes tueries, voilà qu'il découvre un carton dans l'entrée. Essaie-t-on de communiquer avec lui ? Est-ce un coup de celui qui a posé la boite à pellicules du grenier ? En fait non, le fils d'Ethan en sort de la plus ridicule des manières, beuglant comme une chatte en chaleur. Une crise nocturne qu'ils disent. Balaises les crises pour se retrouver à jouer les loustiques dans une saloperie de carton. C'était nécessaire ? Moi qui commençait à être pris dans l'ambiance, j'ai comme qui dirait un coup de mou.


Bien heureusement, tout comme dans l'acte amoureux, la sauce prend à nouveau et la mécanique se remet en marche. Niveau ambiance cela devient satisfaisant lorsque Ethan, enquêtant sur les films via son joli petit Mac est soudain espionné par un être occulte. De même lorsque les courts-métrages de famille se mettent en route tout seul on ressent bien la tension, que Ethan rend convaincante... Seulement voilà qu'un idiot n'ayant rien compris à la mise en scène case deux trois jumpscares avec des enfants courant au ralenti. A qui cela fait-il peur, bordel ? J'avais de l'espoir, film, je croyais encore en toi. S'il te plait ne me déçoit pas. Les gamins ça n'est plus flippant depuis Shining alors arrête. Le film n'arrête pas de jouer sur cette corde. Quand ce n'est pas le fils qui fait sa crise à jouer les clochards nocturnes, c'est la fille qui fait des dessins lourds de sens.


Arrivé à un moment, la motivation du héros à sortir son super bouquin ne suffit plus, la peur étant plus forte. La famille fait alors quelque chose de sensé, à savoir partir de chez elle en voiture. Ethan peut alors se racheter un amour familial digne de ce nom et rejoindre l'ancien domicile. Bien évidemment, cela ne peut se terminer aussi simplement, nous sentons bien qu'un dernier acte se dessine alors que de nouveaux films sont déposés chez lui. A partir de là on devine qu'en réalité ce sont les enfants (ceux vus en esprits) qui sont les auteurs des crimes, eux-mêmes manipulés par Mr Boogie et les images qu'il contrôle. Ethan et sa troupe ne peuvent alors qu'être les dernières victimes de cette machination, la fille devenant tueuse...


Pour le coup cette bad end a ce petit quelque chose de glaçant que je trouve fort enthousiasmant. Ils sont rares les dénouements sans fioritures ni bons sentiments dégueulassant jusqu'au travers de l'écran. Je me pose néanmoins une question très sérieuse. Je peux comprendre que l'esprit manipule les enfants à accomplir des actes horribles, maintenant pourquoi avoir choisi de ne développer que la psyché du personnage principal ? Sincèrement, les autres protagonistes n'apportent rien à l'histoire, ou alors de façon superficielle. Dans ce constat là, en tant que spectateur attentif on s'attendrait à ce que ce soit Ethan qui massacre toute sa famille, cela aurait été cohérent, surtout grâce à son histoire et son désir d'écrire sur ces affaires sordides. On aurait compris qu'en effet l'être occulte contrôle son monde par les images, or, la gosse ne voit pas d'images. Gros point négatif pour ma part.


Ah et puis, comme pour une fois de plus niquer l'effet dramatique de fin, le traditionnel et inutile jumpscare est de mise.

Fosca
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le 1 déc. 2015

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