Davantage un film d'ambiance qu'un film d'horreur au sens strict, à quelques brefs éclats sanguinolents près, Sinners prend son temps durant sa longue première partie pour poser des enjeux, un climat, des personnages intéressants... Le fantastique s'ébauche d'abord par petites touches, un contexte religieux pesant, quelques références vaudou... Puis le film s'oriente vers le survival en huis clos plus classique, mais malheureusement bien bordélique. Cette seconde partie ne s'avère pas à la hauteur des attentes suscitées initialement et le film ne parviendra jamais complètement à retrouver son souffle, faute de choix clairement défini : film d'horreur ? musical ? western crépusculaire ? C'est un peu tout ça à la fois, sans jamais vraiment opter pour une direction claire. La sauce ne prend donc pas complètement mais Sinners mérite toutefois qu’on s’y attarde, pour son sens de l’atmosphère, sa tenue visuelle et cette idée réellement cool de fondre mythe vampirique et culture blues — diableries, slide lancinant, soif de sang comme métaphore de l’addiction. Dommage que l’ensemble reste étonnamment sage et que le huis clos se délite en désordre, au détriment de la tension. Au final, une proposition singulière, davantage mémorable par l'imaginaire musical et le folklore qu'elle convoque, ses résonances sociales et quelques images fortes que par la rigueur du récit. À découvrir toutefois, pour l’ambition d'une promesse qui, bien que très partiellement tenue, dépoussière suffisamment le sous-genre vampirique pour donner à rêver une continuité plus rigoureuse et radicale.