Alors, on va pas se mentir, c'est vrai que le fameux twist final fait un peu tout le film. Très inattendu, il surprend le spectateur tout en l'entraînant dans un flot d'émotions assez immense. Et en ce qui me concerne, c'est vraiment ça qui a fait que ce film reste si mémorable pour moi.
Mais le film perd-il vraiment tout son intérêt, comme on pourrait le croire, lorsque l'on connait sa fin ? Eh bien pas forcément. Tout d'abord parce que ce twist final est si surprenant que l'on peut avoir l'impression que le film comporte des incohérences. On pourra alors apprécier de revisionner le film pour vérifier tout ça, pour décortiquer les scènes avec un nouvel angle de vue, et se rendre compte à quel point le film est en réalité bien construit et ne comporte aucune incohérence.
Ensuite, on pourra apprécier la diversité des thèmes et des genres que le film nous fait explorer, et ce sans jamais verser dans la caricature. Ainsi, après la séquence d'ouverture (qui aurait peut-être mérité d'être un peu plus ambigüe), on assiste à une première partie ou l'on découvre, en même temps que le docteur Malcom Crowe (Bruce Willis), psychologue pour enfants, l'étrange cas de son nouveau patient Cole Sear (Haley Joel Osment), et qui constitue une première trame narrative construite autour du mystère qui l'entoure. Jusqu'à ce que celui-ci lui révèle son secret et où son "sixième sens" devient beaucoup plus explicite. On passe alors de ce qui se rapprochait d'un thriller psychologique à un style un peu plus glauque, avec quelques images plus ou moins crues, mais qui surprennent le spectateur, le plongeant dans un univers presque à la limite du film d'horreur. Puis vient la dernière partie, où Crowe découvre comment aider son patient, et où l'histoire prend alors encore une autre tournure intéressante, dans un style "enquête".
Le film se révèle donc riche et bien construit, toujours dans la subtilité. Subtilité aussi dans le jeu des acteurs, qui est particulièrement remarquable. On n'oubliera pas que c'est ce film qui a révélé le talent du très jeune Haley Joel Osment (bien que celui-ci soit retombé dans l'oubli) ; quant à Bruce Willis, il signe peut-être ici l'une de ses meilleures prestations, prouvant qu'il peut exceller dans un registre différent, loin des gros muscles et de la testostérone.
Bref, même après toutes ces années, Sixième Sens reste encore pour moi un de mes films cultes, tout simplement. Dommage que Shyamalan ait tant de mal à renouveler l'exploit et s'enfonce toujours un peu plus dans la médiocrité...