Skin Her !

Skinner est une petite série B totalement oublié qui n'aura jamais marqué les esprits ni même l'année de sa sortie en 1993. Le film quasiment invisible est proposé maintenant en DVD notamment par le magazine Mad Movies en accompagnement de son numéro de janvier 2021. Une édition tardive qui permet de redécouvrir ce film de psycho killer assez étrange, parfois bancal mais finalement pas désagréable du tout. Le film est réalisé par Ivan Nagy dont la principale référence reste d'avoir réalisé bien avant le M.C.U. une des premières adaptation de Captain America pour la télévision en 1979 avec Captain America II: Death Too Soon.

Skinner c'est le nom d'un garçon en apparence discret et timide mais qui est en fait un serial killer bien tordu qui dépèce ses victimes pour ensuite se glisser littéralement dans leurs peaux. Skinner s'installe dans une chambre louée à un couple de particuliers pour ensuite vaquer tranquillement à ses pulsions criminelles. Mais une des anciennes victimes de Skinner le traque pour assouvir sa vengeance.

Skinner est un film un peu difficile à cerner et qui met un certain temps à mettre en place ses enjeux pourtant assez simplistes. Entre le thriller, la comédie tordue et l'horreur pur le film alterne des séquences qui pourront parfois faire sourire et d'autres plus horrifiques et malsaines qui font glisser la folie du personnage vers ce bon vieux Leatherface mais la tronçonneuse en moins. C'est Ted Raimi dans un de ses rares premiers rôles qui incarne Skinner et le comédien s'en sort remarquablement bien avec ses faux airs d'expert comptable introverti capable de totalement péter un plomb dans d'exubérante séquences de folie furieuse. Car non content de revêtir la peau fraîchement écorchée de ses victimes, Skinner s'amuse parfois à les imiter une fois qu'il s'est glisser dans leur costume de chair ce qui donne une séquence assez WTF durant laquelle Skinner déambule dans les rues recouvert d'une seconde peau en singeant le langage et l'attitude de sa victime. Sans tomber dans une surenchère du gros gore qui tache Skinner comporte quelques séquences chocs durant lesquels le psycho killer exerce son art du dépeçage sur des prostituées. A l'opposée la jeune femme en quête de vengeance et dont la moitié du corp est mutilée, est interprétée par l'ancienne actrice et superstar sulfureuse de films pornographiques Tracy Lords (Et oui à cette époque les actrices de films X avaient encore un nom) . Si Tracy Lords n'est pas des plus convaincante en tant qu'actrice, en revanche son allure et ses faux airs de Sasori La femme Scorpion avec son long manteau, son chapeau noir et cette longue mèche qui lui cache une partie du visage lui donne une belle présence à l'écran et une sacrée puissance iconique. Les deux personnages sont forts mais il ne faudra pas trop en attendre de leur affrontement qui s'avère être particulièrement mou et décevant. Pour compléter le casting il faut aussi noter la présence dans le film de la pétillante Ricki Lake que l'on a vue dans pas mal de films de John Waters comme Cry Baby, Serial Mother ou Hairspray.

Quant à la mise en scène de Ivan Nagy , elle est assez pate et bien loin de transcender un récit qui manque lui même un petit peu d'épaisseur. On notera toutefois une utilisation de lumières et de filtres colorés très primaires et vifs qui donne parfois au film une légère ambiance pas désagréable de giallo à la Mario Bava. Même si l'ensemble est assez mou et peu inspiré le film comporte quelques jolis plans notamment sur le visage baigné de lumières bleues de Tracy Lords. Skinner reste une série B un peu chaotique et le film affiche même parfois d'étranges et obscures obsessions comme le prouve les innombrables plans sur de l'eau qui coule (??).

Skinner est loin d'être un incontournable film qu'il faudrait absolument réhabiliter, mais au registre des curiosités sympathiques le film mérite grandement le coup d'œil ne serait ce que pour la performance de Ted Raimi et le look très réussi de Tracy Lords.