Après un mauvais Quantum of Solace, notre agent britannique a pris de longue vacances pour enfin revenir en cette fin d'année 2012. Oubliant les deux épisodes précédents, ce Skyfall fait table rase de Casino Royale et de Quantum of Solace pour repartir sur un tout nouveau pitch. Pas plus mal. Le projet se paye un excellent réalisateur : Sam Mendes. On aurait pu craindre que le Sam ne se perde dans un blockbuster aussi concon (bien que les deux derniers avaient tenté, de manière intéressante, de renouveler l'image de Bond et de le rendre bien plus complexe que les précédents), mais que nenni. En effet, disons le tout de suite, Skyfall est une réussite et probablement l'un des meilleurs films estampillés James Bond, rien que ça.

Tout d'abord, le scénario, qui, s'il contient quelques invraisemblances et raccourcis déplorables et reposant sur une base bancale (le but du méchant et son application un peu trop omniscient) nous propose tout de même des personnages plus développés qu'à l'habitude (même si Casino Royale avait largement ouvert la voie sur le développement de notre James) et surtout à des thèmes intéressants. Un des thèmes qui revient comme un leitmotiv tout au long du film est celui de l'opposition ombre et lumière. L'ombre pour se cacher, thème majeur de l'espionnage mais aussi du terrorisme, qui est depuis 2006, le nouvel ennemi de Bond qui a remplacé le gentil soviétique au fort accent et possédant une tête nucléaire dans son jardin. Le personnage du méchant, Raoul Silva, est par ailleurs étonnement réussit et originale. Exit le grand méchant voulant dominer (ou détruire, au choix) notre chère planète bleue et bonjour au taré à tendance psychotique voulant tout simplement se venger et rien de plus. Javier Bardem est d'ailleurs terriblement à l'aise dans son rôle de méchant qui en fait des tonnes mais qui dérange à chaque apparition. En effet, on se demande comment ce blondinet à tendance homosexuelle qui sort tout droit de chez Michou, peut être 5 secondes menaçant. Monumentale erreur, vu que dès sa première scène on se dit que oui, ce gars là est une réelle menace à prendre au sérieux.

Une chose aussi très intéressante avec ce Skyfall, c'est qu'il ne verse pas dans la démesure hallucinante qu'on a pu connaître à l'époque Brosnan. Ici aussi on reste dans la lignée du film de Campbell (enfin son deuxième épisode de Bond j'entends) et on apporte à la licence encore plus de réalisme. Pas de cascade démesurée ou de scènes totalement démesurées. Il y a juste cette introduction (jouissive et terriblement bien menée), un peu hors du film à ce niveau. En effet, on a le droit à un concentré d'action pure et un peu exagérée (sans pour autant être impossible) ou Bond prendra le contrôle d'une pelleteuse pour ouvrir un train comme une boite de conserve. Il est intéressant de voir quand même que c'est justement l'introduction (et non le final par exemple) qui bénéficie de cette folie des grandeurs. En effet, à la fin de cette scène, Bond "meurt". Ensuite il va revenir mais ne sera pas aussi fort et invincible qu'avant cette "chute du ciel". C'est là l'occasion pour Mendes de déconstruire un peu Bond pour mieux le reconstruire. En effet, le film est parsemé de petits clin d'oeil, plutôt drôles, mais qui ont une réelle utilité sur ce point précis. Je vous laisse le plaisir de les découvrir si vous êtes un minimum amateur de la licence.

Par ailleurs, la réalisation et l'image sont vraiment d'excellentes facture. Si le film ne propose pas de scènes hallucinantes si on devait les décrire sur papier (hormis l'introduction évidement), elles prennent une dimension esthétique indéniable sur l'écran. Si vous avez marre des films où les mecs pensent que rythme est égal à un découpage halluciné et hallucinant et explosions toutes les secondes, vous serez ravi devant ce Skyfall qui prend son temps pour amener l'action et sait quand couper au bon moment, placer la caméra pour nous faire profiter de l'action. On aurait pu penser que la MGM, devant les difficultés financières auxquelles le studio est confronté aurait pu suivre la voie du "toujours plus" comme semble la suivre d'autre vieille licence du film d'action (Die Hard 5 coucou). Mais non, et tant mieux. De plus la réalisation met à profit les thèmes du scénario que j'évoquais plus haut. Ainsi on retrouve par exemple énormément de plan où un personnage sort de l'ombre ou profite de l'ombre pour se découvrir ou se cacher. De manière générale, la lumière est très importante dans ce film et très travaillée.

Au final, Skyfall brille sur énormément de plan et si on peut lui reprocher quelques imprécisions scénaristiques regrettables, ce serait être injuste sur toutes les autres réussites du film, que ce soit technique ou même à l'écrit. Le dernier épisodes de James Bond est assurément une réussite et de manière générale un des meilleurs films d'action de ces dernières années.
Ordos
7
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le 28 oct. 2012

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Ordos

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