" Le cosmos a-t-il tort d'enfanter tant d'impasses, là où ma raison meurt sur ce qui nous dépasse?"

S'il y avait un système de notation pour les films qu'on ne peut pas noter, ça serait génial ! Au moins, on pourrait noter des films comme "Sleeping Beauty" dont on ne peut pas dire si on l'aime ou non. On ne peut qu'être happé par ce film aux allures plutôt aride dès les premières images. Il est aride par la difficulté à l'aborder mais froid par son processus. Un processus qui consiste à suivre une jeune fille, étudiante à ses heures perdues, qui entame une descente aux enfers dans un réseau de prostitution étrange, où il n'y a jamais réellement d'acte sexuel. Cette descente aux enfers est d'ailleurs abordé par le personnage comme si tout ce qui se passait lui était extérieur. C'est un film qui aborde un thème assez âpre et le suit jusqu'au bout. Les zones d'ombres du film, toutes les réponses qu'on ne trouvent pas font partie de ce processus. Et c'est une des forces du film: ne pas opposer de morale préconçue aux images qui viennent de nous être livrées (à la manière du film "Elles", qui nous mettait dans le lot des coupables).

C'est donc ce processus qui intéresse, ce personnage qui fascine, non par les détails habituels mais par cette beauté de poupée, étrange, effrayante même et cette attirance pour tout ce qui repousse et que pourtant l'on suit jusqu'au bout. Ce n'est pas un mauvais film, c'est un film radical aux plans travaillés, aux images conçues comme des tableaux où se trouve, toujours, au centre cette beauté épurée (à l'image de l'affiche) qui sucite les convoitises, les créer et s'empêtre dans des situations douteuses. Un personnage déroutant, qui peut passer d'une nuit de débauche à des demandes en mariage froides et désintéressées. Elle peut aussi pleurer avec des larmes simplement vraies, quittant l'aspect dans lequel on l'avait jusqu'alors connue. Même si connue est un bien grand mot pour un être qui nous échappe tout autant que le film dans lequel elle évolue. Dommage que certaines répétitions de scènes créer un vide un peu gratuit. Le film s'attache à nous rendre mal à l'aise, tout en refusant, à tout instant, de nous livrer ses secrets.