Sleepy Hollow est avant tout un triomphe esthétique. C'est l'un des films les plus gothiques et visuellement cohérents de la filmographie de Tim Burton, renouant avec l'ambiance des films d'horreur classiques de la Hammer (un hommage confirmé par la présence de Christopher Lee).
Le point culminant du film est sans conteste sa direction artistique. Les décors sont somptueux, créant le village éponyme, le Manoir des Van Tassel et surtout la forêt maudite dominée par l'Arbre des Morts.Atmosphère Immersive : Le film baigne dans un univers de brume, de nuit constante et de couleurs désaturées (argent, bleu nuit, noir corbeau, rehaussé par le rouge sang), offrant un conte visuel aussi poétique que macabre.
Décors Mémorables : Le village de Sleepy Hollow lui-même, avec ses maisons austères et son église imposante, est un personnage à part entière, amplifiant le sentiment d'isolement et de menace.
La bande originale signée Danny Elfman est un chef-d'œuvre du genre, amplifiant l'atmosphère fantastique et le suspense. Les mélodies sont immédiatement immersives, tantôt grandioses, tantôt subtilement angoissantes. Le rythme, bien que prenant le temps d'établir son ambiance, est efficace et évite l'ennui, maintenant une montée progressive de la tension.
Johnny Depp dans le rôle de l'inspecteur Ichabod Crane offre une performance mémorable. Son interprétation d'un enquêteur cartésien, mais profondément sensible et nerveux face à l'horreur surnaturelle, apporte une touche d'humour noir et décalé qui tempère la violence du récit. Son personnage est un anti-héros burtonien par excellence : un marginal intellectuel confronté au surnaturel.
Christina Ricci (Katrina Van Tassel) complète bien Depp, incarnant la figure romantique et mystérieuse du conte.
Le casting de seconds rôles est remarquable, réunissant des "gueules" du cinéma britannique (Michael Gambon, Ian McDiarmid, Jeffrey Jones, Miranda Richardson), qui ancrent la communauté du village dans une réalité sinistre et ambiguë, rappelant les mystères complexes des romans gothiques.
L'incarnation du Cavalier Sans Tête, notamment sous les traits de Christopher Walken dans un bref flashback (avant d'être un effet pratique terrifiant), est viscérale et spectaculaire. Les scènes d'action impliquant le Cavalier sont tendues et pleines d'adrénaline, soulignées par une violence graphique assumée (les décapitations sont d'une qualité d'effets spéciaux impressionnante pour l'époque).
L'Horreur et le Fantastique :
Le film réussit parfaitement son mélange des genres : c'est à la fois un film d'horreur fantastique et une enquête policière whodunit ("qui l'a fait ?") qui confronte la logique à l'irrationnel, un thème cher à Burton.
Les Faiblesses (Ce qui empêche le 10/10 et justifie le 7/10)
Malgré ces atouts, le film n'est pas parfait, ce qui maintient la note à un très bon 7/10 :
La Révélation Finale : Bien que l'idée d'ancrer le mystère dans une intrigue humaine soit louable, la résolution finale de l'enquête (le "whodunit") peut sembler un peu précipitée et moins percutante que l'atmosphère surnaturelle elle-même. La révélation de l'identité du coupable et ses motivations sont parfois amenées de manière un peu trop mécanique dans le dernier tiers.
Manque d'Émotion : L'accent mis sur l'esthétique et l'horreur peut parfois sacrifier la profondeur émotionnelle des personnages, rendant l'attachement à certains d'entre eux légèrement superficiel, en dehors d'Ichabod Crane.
Conclusion (7/10)
Sleepy Hollow est un film visuellement époustouflant qui capture magnifiquement l'esprit du conte original. Il s'agit d'une œuvre ambiance forte, servie par une réalisation virtuose de Tim Burton et un Johnny Depp parfait. Il mérite son 7/10 comme un excellent divertissement d'horreur gothique, bien qu'il ne parvienne pas à atteindre la perfection en raison d'un dénouement scénaristique qui aurait pu être plus subtil et mieux intégré à la terreur fantastique.