Après bien d'autres, Abel Ferrara décline le thème du film dans le film et de la non moins courante identification du comédien à son personnage. Le cinéaste qu'interprète Harvey Keitel -sans aucun doute Abel Ferrara lui-même- est apparemment un professionnel et père de famille respectables. Eddie porte à l'écran ses interrogations désespérées sur l'ambivalence de l'être humain qu'il illustre par le violent déséquilibre d'un couple dont l'épouse, honteuse d'un passé de luxure, se découvre une plus vertueuse éthique. Incompréhension du mari, relation conflictuelle...
Le sujet entremêle morale, philosophie et psychologie dans un film où Ferrara, une fois de plus, tente de discerner la frontière entre le bien et le mal. Malheureusement, la violence hystérique des personnages et de la mise en scène - dont les gros plans de visages, le montage nerveux et l'apparence du cinéma-vérité semblent parfois s'inspirer de Cassavetes- produit un univers étriqué et factice, malsain et grossier, qui le rend tout à la fois confus et antipathique. C'est du cinéma épuisant qui sacrifie trop à la forme et à l'exercice de style.