Véritable touche à tout de génie (dur à enfermer dans des cases précises), capable de passer du thriller fun (les OCEAN'S) au polar choral (TRAFFIC), de l’enquête sociétale (Erin Brokowich) au drame introspectif (SEXE, MENSONGES ET VIDEO), de l’expérimental (BUBBLES) au film de gangsters sexy et classieux (HORS D’ATTEINTE), Soderbergh se lance ici dans la S.F.
Mais on n’est pas chez Georges Lucas, on est plus dans le drame intimiste, mais dans l’espace, plus dans le drame introspectif ou la méditation métaphysique que dans le space opera.
Il occulte tout le spectaculaire par des ellipses bien senties (le voyage, le décollage).
Adaptation plus ou moins fidèle d’un roman de Stanislas Lem (réponse soviétique au 2001 d’Arthur C.Clarke), le film emprunte à diverses choses : le mythe de Prométhée (Titan qui crée des hommes à partir de la boue), Orphée (qui va rechercher sa bien aimée aux Enfers), Tarkovsky (précédente adaptation du même roman), Kubrick (2001, ODYSSÉE DE L'ESPACE), Ridley Scott (BLADE RUNNER). Il met néanmoins de côté tout le décorum mystique et religieux du bouquin et de la précédente version.
Aussi exceptionnel sur le fond, où on a à faire à un remarquable scénario sur le travail du deuil et sur notre questionnement à comment survivre à la perte de l’autre, le film est remarquable sur le fond. On nous parle ici du rapport aux morts et non de la mort elle-même. Comment vivent nos souvenirs des défunts, et quelle image de ceux-ci construisons-nous ? Ce sont les vraies questions posées par ce film. Le voyage est plus intérieur que spatial. Kelvin n’a retenu que les bons souvenirs de sa relation, Kheyra que les côtés sombres.
De ce fait, la planète symbolise tout ce qu’on ne comprend pas, le subconscient.
Malgré tout, un vrai suspens narratif maintien le film, baigné par une vraie poésie.
Il y a volonté de brouiller la perception en rendant difficile la distinction entre tangible et intangible. Le film se passe dans le cerveau du personnage principal (remarquable Clooney).
La mise en scène est sobre et subtile, et la lumière est juste magnifique. Un vrai chef-d’œuvre.

lolodu87
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste La SF

Créée

le 3 juil. 2020

Critique lue 75 fois

1 j'aime

lolodu87

Écrit par

Critique lue 75 fois

1

D'autres avis sur Solaris

Solaris
Sergent_Pepper
8

« The most obvious solution would be to leave »

Il a fallu du cran à Soderbergh pour oser réadapter, à la suite de Tarkovski, le livre de Lem. Il en a fallu aussi à Cameron, producteur, pour accepter de faire d’un film de SF américain une œuvre...

le 2 déc. 2013

48 j'aime

3

Solaris
engy
9

Critique de Solaris par engy

Note : je n'ai pas vu le film de Tarkovsky de 72 Note 2: je n'ai pas lu le livre de Stanislaw Lem Note 3 : je suis amoureux de Natascha McElhone (biggest eyes ever ?) Pour commencer, un rappel : le...

Par

le 29 juin 2010

22 j'aime

2

Solaris
SBoisse
6

« And death shall have no dominion... »

Une interrogation s’impose : à quoi bon produire un remake d’un tel chef d’œuvre ? Je n’ai pas de réponse, laissons la question de côté, pour laisser à Steven Soderbergh une chance de nous séduire...

le 14 sept. 2019

20 j'aime

9

Du même critique

Demain nous appartient
lolodu87
3

Et sinon,le psy?

Vouloir résumer ce truc, c'est comme se masturber avec une râpe à fromage: beaucoup de douleur pour un plaisir somme toute limité. On a de ces personnages: la fille devenu un homme qui vit avec le...

le 8 oct. 2020

7 j'aime

6

Dune
lolodu87
9

Bac à sable soyeux

Avec ce film, Denis Villeneuve nous offre plusieurs choses : un blockbuster intelligent (avec Nolan et Fincher, il est un de ceux qui ne cherchent pas forcément à flatter l’ado planqué derrière...

le 16 sept. 2021

5 j'aime

Je te promets
lolodu87
7

Au nom du père

Saison 1 N’ayant pas vu THIS IS US dont elle s’inspire, je partais sans a priori. Et heureusement, car au vu du déchaînement de discours négatifs, j’aurais été déçu. Donc, oui, j’ai aimé cette...

le 9 mars 2021

5 j'aime

1