A voir le colonel Kotov et ses proches mener une vie oisive et insouciante dans leur datcha au coeur de la nature, on se dit que l'existence sous Staline est un long fleuve tranquille. Il n'en est rien évidemment et le bonheur champêtre et familial, sous le soleil trompeur d'URSS, est bien trop édénique pour ne pas être éphémère ou illusoire. Le retour de Mitia l'ambigu va probablement bouleverser ce bel ordonnancement.
Longtemps (trop peut-être), le réalisateur Nikita Mikhalkov prolonge les ébats bucoliques de la petite communauté des Kotov avant d'éclaircir le rôle de Mitia qui pourrait bien mettre en lumière, face à Kotov, admirateur de Staline, toute la perversité et la malfaisance du régime.
Mieux qu'une dénonciation explicite et directe du stalinisme, l'histoire de Mikhalkov nous conduit, par sa disposition et son sentimentalisme, à ressentir toute l'ampleur du drame et l'oppression du communisme, ici celui des années 30. L'interprétation, collectivement est remarquable. La malice et la tendresse paternelle du vieux soldat Kotov, l'angélisme charmant de sa petite Nadia et la séduction troublante de l'épouse Maroussia forcent l'intérêt, incertain au début du film, que l'on doit porter à ce beau sujet.