Somewhere par Démon S'en-Va-en-Guerre

C'est dingue, du Sofia Coppola. C'est parfois tellement, tellement littéral. Le film s'ouvre sur une image de Johnny faisant des tours de circuit dans sa Ferrari noire. Le film se termine sur le même Johnny roulant désormais en ligne droite. Entre temps, non mais franchement, il a trouvé un sens à sa vie. Ça pourrait être interdit d'être aussi littéral. Ce n'est pas du cinéma. C'est moins que ça. C'est presque aussi démonstratif que du Ken Loch dernière période - et ce n'est pas un compliment. Idem, les travellings. Ils ne sont scolaires. Ils sont pires que ça. Il n'y a pas de mots pour décrire un cinéma aussi univoque et grossier dans ses effets. Johnny se rend dans une sorte de studio d'effets spéciaux où on tartine son visage de plâtre. Il est au centre du cadre, le visage entièrement recouvert de plâtre. On entend seulement sa respiration. Il est seul. Travelling avant - (sur)signifiant sa solitude, son aliénation. Serrant la gorge de Johnny, l'étouffant encore davantage. Plus tard dans le film, Johnny est installé, avec sa fille, sur les transats du Château Marmont. Le soleil doux caresse leurs peaux. Ils sont bien. Travelling arrière - (sur)signifiant leur bien-être. La main qui s'était refermée sur la gorge de Johnny se desserre. Il n'est plus seul. Il est capable de communiquer - et Dieu merci, il n'a même pas besoin de mots pour ça. Ni lui ni Sofia Coppola. Dieu merci. Dans ce film, aussi rustre soit-il, le langage est bien celui des acteurs, de l'image, des mouvements de caméra, des plans. Ce n'est pas le dialogue qui parle. Le dialogue est anecdotique, il ne dit rien. Il flotte. Mention spéciale au dialogue sur Twilight. Là encore, impossible de décider si c'est subtil ou pas. C'est comme tout le cinéma de Sofia Coppola. C'est subtil à force de ne pas l'être. On pourrait dire la même chose de son casting. Sans même parler de Elle Fanning, de son innocence et de sa grâce maniéré. Ce Stephen Dorff qui joue Marco. Impossible de voir la star en lui. Chaque fois que Coppola le film, elle nous provoque. Il est impossible de voir la star en lui. Il est impossible de comprendre le film. Il est même impossible d'y croire. On ne peut pas croire à sa présence dans ce décor. On ne peut pas (en conséquence) croire au décor. Et là, le film commence à se déliter. Et à se déliter sans fin...

Peter_Saras
8
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le 29 oct. 2025

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