sentimentale adulte contre virile enfant

Commençons par le commencement : j'ai envie de mourir


Maintenant qu'on a joué la carte faquin, rentrons dans le sujet. Sonate d'automne est à l'image de l'interprétation d'un prélude de Chopin, c'est la confrontation entre la sentimentale devenue adulte trop tôt et la virile restée enfant. D'ailleurs tout le film et la rancune sont construits autour de ce prélude, autant dissonant qu'harmonieux. Les deux femmes s'aiment, c'est évident. Mais de cet amour jaillit une haine profonde de la fille pour sa mère et de l’incompréhension de la mère vers sa fille. Reste alors au milieu de cet échiquier une autre fille, qui elle débordera d'amour malgré un corps a l'agonie.


Le film propose d'ailleurs une interprétation visuelle extrêmement intéressante. En n'utilisant que des teintes automnales (jaune, orange, rouge,...), Bergman représente l'absolue fin de la relation (automne = fin d'année) et l'impossibilité d'une réconciliation, du moins du cote de la mère. De ce fait, lorsque Eva partira sur la tombe de son fils, les couleurs basculeront dans des teintes hivernales, tandis que la mère, en partance pour Paris, restera dans des teintes rouges et jaunes. Par ce biais, on nous montrera que la fille projettera son suicide tandis que la mère éclipsera totalement la rencontre.
C'est d'ailleurs le seul instant où pour moi Bergman prend parti dans son récit.


Mais en dehors de la photographie, des dialogues et de la réalisation (tjrs terriblement maitrisée), le cinéaste va s'appuyer énormément sur son duo d'actrices pour pousser à son maximum la maitrise émotionnelle. Ingrid Bergman et Liv Ullman arrivent encore une fois à se transcender et se fondre dans ces personnages triste, tiraillés,... vrais


Je n'arriverai probablement pas à traiter tout les thèmes abordés dans Sonate D'Automne; le film est extrêmement riche. Je pense juste que c'est la porte d'entrée parfaite pour le cinéma de Bergman et que Juste La fin du Monde, même si j'aime bien ce film, fait vraiment pale figure à coté de ce monument.


J'ai presque envie de le relancer, ça ne m'avait pas fait ça depuis le Miroir

NielsChapuis
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films d'Ingmar Bergman et 2021 dans une coquille de noix

Créée

le 3 mai 2021

Critique lue 79 fois

NielsChapuis

Écrit par

Critique lue 79 fois

D'autres avis sur Sonate d'automne

Sonate d'automne
Sergent_Pepper
7

L’importance d’être distant.

Film tardif, Sonate d’automne permet la rencontre au sommet entre deux Bergman qui ne partagent que le patronyme, Ingrid et Ingmar, et donnent l’occasion à la comédienne un retour au pays natal par...

le 28 nov. 2017

38 j'aime

4

Sonate d'automne
Laclim974
9

"Mère et fille... Quel terrible mélange."

Il y a maintenant un certain temps que je voulais écrire une critique sans jamais sauter le pas. Si vous êtes sur cette page, vous vous apprêtez donc à lire ma première (et peut-être dernière)...

le 12 janv. 2016

34 j'aime

24

Sonate d'automne
EvyNadler
9

Winter is coming

Huis clos basé sur la relation d'une mère et de sa fille, ce qui se profilait comme étant des retrouvailles émouvantes se transforme lentement en règlement de compte, où le passé douloureux détermina...

le 22 août 2015

24 j'aime

2

Du même critique

Au hasard Balthazar
NielsChapuis
9

Saint Balthazar

Il y a dans Au Hasard Balthazar une mélancolie froide d'une puissance invraisemblable, aidée par la sublime 20ème de Schubert, lancinante et absolue. Au travers des yeux et des vagabondages d'un âne,...

le 15 mai 2021

4 j'aime

La Pianiste
NielsChapuis
9

casse moi la gueule Michael

Le film que 50 Nuances de Grey aurait voulu être Deuxième Haneke, deuxième grande claque dans la tronche. Comme dans Amour, le cinéaste propose une oeuvre fataliste, sans concession, qui met les...

le 24 janv. 2021

2 j'aime

Simetierre
NielsChapuis
9

chats et gamins = enfer sur terre

[Attention critique 100% spoil] Simetierre, c'est un peu l’œuvre ultime de Stephen King. Habitué à ses récits horrifiques jugés classiques (Shining, Misery, Ça, ...), je m'attendais à un énième roman...

le 18 nov. 2019

2 j'aime