Songs from the Hole revient sur la genèse de l’EP éponyme du rappeur californien JJ’88. Le documentaire retrace le parcours chaotique du jeune homme de 15 ans qui commit l’irréparable, et nous conduit, à travers sa voix d’adulte — lucide et critique sur son acte comme sur ses conséquences — jusqu’à la création de ces treize titres.
On suit en parallèle son chemin et celui de ses proches, tous embarqués dans ce long voyage vers le pardon. Alternant images clippées et interviews, le film s’attarde moins sur le meurtre en lui-même que sur l’après : les séquelles, les stigmates, et les vies recomposées tant bien que mal.
La réalisatrice, Contessa Gayles, raconte à la fois l’artiste en devenir, plein d’élan et d’espoir, et l’homme marqué, hanté par ses démons. Ce double portrait fait la force du documentaire : montrer la fragilité derrière la voix et la prise de conscience derrière les mots.
Le film va mettre en lumière un rappeur au flow aussi incisif que fluide et aux lyrics affûtées. James Jacob (de son vrai nom) pose en plus, avec modestie mais justesse, un regard critique sur la société qui l’a vu grandir, et sur le système judiciaire et carcéral qu’il a appris à connaître de l’intérieur. Sans chercher l’émotion facile ni la mise en scène tapageuse, Songs from the Hole reste ancré dans le réel, sobre, entre attentes et désillusions.
Le documentaire n’est pas inoubliable, mais il se regarde sans ennui, et rappelle par certains aspects Slam de Marc Levin, qui m’avait autrefois fait découvrir Saul Williams. Ici aussi, le pari est double : derrière l’histoire et les images, il y a surtout la musique et un disque de chansons écrites au trou, une voix enregistrée en prison pour ouvrir la voie à une rédemption, et qui mérite qu’on lui prête une oreille attentive.