Film fou sur la folie, Soudain l'été dernier rend parfaitement l'univers de la pièce. Mais comme si la collection de traumatismes imaginée par Tennessee Williams - du viol à l'inceste, en passant par pire encore (si, si, on peut trouver...) - n'avait pas suffit à Mankiewicz, il a rajouté une généreuse louche d'imagerie gothique à tout ça. Avec de jolis squelettes en pierre dans le jardin exotique que même la famille Adams aurait trouvé too much question déco, la présence de la mort elle-même sous un beau linceul dans les ruelles de Cabeza de Lobo, et un noir et blanc classieux autant que mortifère, d'ailleurs un peu anachronique vu l'époque du film... Et pour qu'on comprenne bien l'idée, Katharine Hepburn pousse le curseur à fond dans le genre virago égocentrique et sans cœur.
Le film est lent mais tellement déconcertant qu'on ne décroche pas. On a l'impression d'évoluer dans un nid de vipères vu que tout ce qui est confié au personnage de Montgomery Clift, seul être censé dans ce microcosme de barjos, n'est que perversion de la vérité. Charge à lui de découvrir ce qui a bien pu se passer soudain l'été dernier... Vu l'état dans lequel est tout le casting, on se doute que ce n'est pas joli joli. Mais bon, c'est l'enjeu de l'affaire.