Revivre sa mort à l'infini, n'est-ce pas à la fois le meilleur et le pire des destins possibles? C'est à ce fantasme que donne corps Source Code, deuxième long-métrage de Duncan Jones sorti en 2011. Basé sur un scénario finalement assez simple, mais au potentiel énorme en termes de science-fiction, Source Code n'exploite jamais réellement ses possibilités.


La trame, au premier abord fatalement répétitive, est pourtant très bien renouvelée. Chaque retour dans le train voit le colonel Colter Stevens faire preuve d'ingéniosité pour résoudre ce qui s'apparente finalement à une énigme policière. Le moment est le même, mais les réactions des personnages varient, ce qui fait que les scènes sont toujours différentes. On suit dès lors ce polar de science-fiction avec attention.


Jake Gyllenhal délivre une interprétation remarquable; une nouvelle fois. Cet acteur fait décidément partie des plus talentueux de sa génération, selon moi. Il est rare de voir un numéro d'interprétation tel dans ce genre de film où le récit et l'intrigue priment sur les sentiments transmis à l'écran.


Mais alors, où est le problème?Le réalisme du lieu de l'action détone par rapport aux théâtres de science-fiction habituels: ici, on n'est ni dans un vaisseau spatial, ni sur une planète extra-terrestre, ni dans un monde sous-terrain des années après l'Apocalypse. On est simplement dans un train en direction de Chicago. Le seul élément de science-fiction réside dans la structure de la trame au niveau de la forme (qui fait revivre au personnage principal le même moment de sa vie à plusieurs reprises) et dans la tête de Stevens au niveau du fond. En effet, qu'est-ce qui nous dit que cette histoire de Source Code et ces scientifiques de la NASA sont réels? Où est la réalité? Le réalisateur aurait pu jouer dessus pour nous plonger dans un de ces casse-tête que seule la science-fiction sait nous donner au cinéma. Mais non, il a choisi un traitement plus classique; une seule grille de lecture est possible. La mise en scène n'est pas très mise en valeur, alors qu'elle bénéficie d'un scénario béton. Classique sous le ciel d'Hollywood, pourrait-on dire.

gaspard24
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le 27 juin 2015

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