Attention, pas de démon ni de diable dans ce thriller psychologique au titre VF complètement pété ! Il est davantage question de maladie mentale. On suit Martin, jeune homme vivant chez sa mère et son beau-père, et traité par eux-mêmes comme un enfant. Alors qu'il s'efforce de s'occuper de son frère, handicapé mental placé dans une institution.
Le hic, c'est que Martin tombe sous le charme de la jolie Susan, bibliothécaire et étudiante. Et que pour la charmer, il va prendre la personnalité enfantine et innocente de Georgie... tout en éliminant ceux qui se dressent sur son chemin.
"Twisted Nerve" souffre d'une durée un poil excessive (près de 2h), qui dilue le suspense. Et d'une mise en scène pas tout à fait à la hauteur d'un tel sujet. Quand bien même certaines idées autour de la sexualité ou la maladie mentale sont évoquées par des trouvailles visuelles (ces jeux de miroirs notamment).
Néanmoins il s'agit d'un thriller osé pour l'époque, qui arrive à garder une ambiance malsaine. D'un côté, l'innocence de la gentille Susan, interprétée par Hayley Mills... également épouse à la ville du réalisateur Roy Boulting, de 33 ans son aîné ! De l'autre, le jeu très troublant de Hywel Bennett, adulte juvénile et perturbé.
On ne sait pas au départ si sa personnalité de Georgie est subie, ou s'il la déploie quand cela l'arrange pour s'en sortir. Une bonne ambiguïté sera posée à ce niveau. Et puis il y a ces étranges caresses et observations sur son corps : est-il un homosexuel refoulé ? A-t-il honte de lui ? A une époque où l'homosexualité était à peine dépénalisée au UK, le sujet était audacieux !
Et puis le film traite frontalement du thème de la trisomie 21 et des maladie mentales. Evidemment avec une certaine maladresse, là encore due à l'année de sortie (le vieux terme "mongole" est même utilisé). Toutefois c'est plutôt intelligent dans la manière de construire les troubles de Martin.
Par contre, amateurs de sang, passez votre chemin, les meurtres sont très limités. On se consolera avec quelques seconds rôles. Barry Foster en colocataire peu fin, que l'on reverra quelques années plus tard chez Hitchcock dans "Frenzy". Ou Billie Whitelaw, qui incarne la mère de Susan, alors qu'elle n'a que 14 ans de plus que Hayley Mills. Toutes ces différences d'âges finissent par rendre le film encore plus dérangeant !
Et évidemment, dès le générique, on notera le célèbre thème musical de Bernard Herrmann, aussi dérangeant que posé. Cette musique de sifflements sera largement réutilisée dans des publicités, et par Quentin Tarantino dans "Kill Bill".