Souviens-toi...l'été dernier 2, c'est presque un cas d'école. Comme pour son confrère Scream 2, la production du second opus est lancée dans la foulée du premier. Le scénariste Kevin Williamson délaisse Julie et son Fisherman Fiend pour se concentrer sur Sydney Prescott et Ghostface. Trey Callaway prend le relais, avec le concours de Stephen Gaghan en tant que script doctor (oui oui, celui de Syriana...et du Voyage du Dr Dolittle). Quoiqu'il en soit, la règle d'or de ces deux suites est la même : toujours plus. Sauf que chez le capitaine crochet, c'est toujours plus bête, toujours plus drôle. Le metteur en scène Jim Gillespie laisse sa place au sémillant Danny Cannon, à qui l'on doit Judge Dredd. Un professionnel de la croûte sur pellicule. Le premier Souviens-toi...l'été dernier restait toujours sur la ligne entre navet et nanar ? Le second fait un grand pas en avant.
Fascinant objet que cette séquelle (qui va en laisser de belles à son spectateur) apparemment scénarisée en dépit du bon sens. Vraisemblance et empathie sont balancées au compacteur dès qu'on entame le film. J'ai rarement vu un slasher avec des personnages aussi imbuvables que la flopée de crétins présents ici. Julie est un cliché sur pattes, son amie Karla est une tête à claques, Tyrell est un abruti en rut et Will est un croisement entre un weirdo et une serpillère. Même dans le resort qui sert de décors principal à notre bande, il n'y a pas un employé pour lequel on a semblant de sympathie. Ni le directeur réfrigérant, ni la serveuse louche et encore moins la femme de ménage morne. N'oublions pas de mentionner le jeune Jack Black en dealer rasta qui atteint des sommets de lourdeurs. Le plus beau, c'est que les comédiens jouent tous mal. Seule exception au tableau, Ray (mieux incarné par Freddie Prinze Jr cette fois), mais pour éviter de faire tâche, on réduit son temps de présence pour laisser ses charmants camarades dans la lumière...Pas étonnant que le pêcheur les zigouille tous.
Oui, dans Souviens-toi...l'été dernier 2, plus rien à foutre. Le match retour doit être un carnage. Donc, on embroche à tour de bras et de manière purement gratuite. Cibles, simples badauds, employés, ils vont tous y passer. Les cadavres pleuvent mais pas d’inquiétude, ils disparaissent encore plus facilement que dans le premier. Le scénario ne s'interdit rien, ce qui amène rapidement l'intrigue (et le plan machiavélique du méchant) au pinacle du grand n'importe quoi. C'est à la fois prévisible, mécanique et ahurissant d'imbécilité. Même le segment concernant Ray ajoute son lot de grosses ficelles surannées. Il n'y pratiquement pas une scène sans qu'une bêtise du scénario vous saute aux yeux. Le déroulé, les meurtres, les péripéties ; vous allez les voir venir aussi vite que le "twist", grillé au bout de dix minutes. Et encore plus génial, la mise en scène de Danny Cannon est un précis de mauvais goût.
Non seulement les effets de montage sont effrayants de ringardise (jump-scares inefficaces), mais il faut en plus qu'il objectifie ses actrices. Ainsi s'ajoute une scène d'UV qui arrive au beau milieu de la tuerie pour...bah pour montrer la plastique de Jennifer Love Hewitt. Et histoire de pousser le bouchon encore plus loin, vous verrez les deux personnages féminins passer la dernière demi-heure décolletés plongeants et filmés sous toutes les coutures. C'est sûr que ça frétillait derrière la braguette de certains ados fin 90/début 2000 mais disons qu'aujourd'hui il y a de quoi être sidéré devant l'absence de finesse de Cannon. Le premier, c'est du Hitchcock à côté. Et malgré cet étalage de bêtises à tout-va, c'est le panard. Le rythme est tenu, et le fait d'enchainer les énormités et les moments incompréhensibles rend le visionnage plaisant. Le signe d'un vrai nanar qu'on pourrait même passer en école de cinéma pour résumer tout ce qui ne va pas dans le slasher. Pas un hasard si la franchise Scary Movie s'est gardé de parodier ce numéro2. Comment faire plus drôle que lui ?