La Beauté du geste
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Spider-Man 3 déborde de promesses. Fiers de leurs poules aux œufs d'or, Columbia Pictures et Avi Arad entendaient bien livrer leur plus belle toile avec cette conclusion. Plus de moyens, plus de promesses, plus de méchants, plus de tout; ce troisième volet est plein à craquer. Sam Raimi rempile mais cette fois, il a trop à gérer et l'inspiration est à la peine. Plus le film avance, plus les coutures se rompent en exhibant ses points faibles au grand jour.
La confrontation Peter Parker/Harry Osborn, l'apparition de l'Homme-Sable, le mariage avec Mary-Jane, le côté obscur de Spider-Man, l'arrivée de Venom, l'introduction de Gwen Stacy,...Comme on pouvait le redouter, il y a beaucoup trop de pistes à tenir sur les 140 minutes. Les seules options retenues par les scénaristes consistent donc à simplifier à l'extrême ou à ressortir les mêmes grosses ficelles. En dépit de quelques scènes bien vachardes, le ton est plus enfantin voire stupide. Le traitement et les évolutions concernant le super-héros sont caricaturales au possible. La soudaine crise de narcissisme est pataude et sa transformation en Dark Parker est un sommet de gêne (en plus d'un recopiage honteux d'une séquence de Spider-Man 2). Ne comptez pas trop sur la relation avec Mary-Jane, elle est tout aussi creuse que les précédents. Quant à Harry Osborn, il se retrouve au centre des choix les plus lourdauds de l'intrigue. Le moment d'affrontement à mi-parcours est malicieux, hélas ce qui le prépare et le suit est d'une immense flemmardise. Toutefois, le plus grave est atteint avec les nouveaux venus.
L'Homme-Sable peut bénéficier du talent de Thomas Hayden Church et des effets visuels les plus aboutis (sa magnifique naissance), le script passe son temps à l'éjecter sans qu'il ait pu réellement exister. Le personnage de Gwen Stacy relève au mieux du caméo superficiel. Mais le pire est à venir. Pour les fans du symbiote, Spider-Man 3 sera vécu comme une profanation pure et simple tant Venom est minable. Sam Raimi n'a jamais caché qu'on lui a imposé le super-vilain (extrêmement populaire), et ça se voit. Le cinéaste l'intègre au forceps à une histoire qui n'en avait pas besoin, sa présence encombrante finit par contaminer le climax (ridicule). Le metteur en scène doit donc redoubler de générosité sur le spectacle pour compenser l'énorme perte qualitative sur les autres aspects. Le résultat est convaincant quoique limité.
Cet opus est probablement celui qui vieillira le moins bien. Malgré un budget en hausse (260 millions de dollars), beaucoup d'incrustations et de doublures numériques piquent les yeux. Raimi sauve les meubles grâce à son appétit de jeu, la caméra s'échinant à jouer sur les perspectives verticales tout en conservant la vélocité d'antan. Si on occulte l’exécrable bataille finale, Spider-Man 3 assure bien comme il faut. En outre, les tentatives d'humour parviennent à arracher quelques sourires ici et là. On peut dire merci à Tobey Maguire, bien que la frontière entre l'ironie et la parodie soit parfois trouble, puis l'inoxydable J.K Simmons pour donner un peu d'air. Dernièrement, l'épilogue mi-figue mi-raisin apporte un peu de tendresse à cette fin de trilogie. À défaut de recoller les morceaux, Sam Raimi limite la casse. C'est mieux que rien, pour peu qu'on ne cherche pas plus loin.
Créée
le 26 juil. 2019
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