Ceci n'est pas mon Peter...

Après Tobey Maguire, impeccable pour incarner la vie pathétique quotidienne de Peter Parker, et Andrew Garfield, brillant pour interpréter un Spidey farceur, c'est maintenant au tour de Tom Holland de s'essayer à l'exercice en tentant de trouver le dosage parfait pour briller sur les deux fronts. Mais cet énième reboot, qui n'en est pas véritablement un car effectivement ici, pas d'origin story du personnage, est surtout marqué par les Marvel Studios récupérant l'emblématique tisseur et l'intégrant à leur univers après une apparition remarquée dans Civil War. Une négociation qui aura portée sur des années et qui porte finalement ses fruits. Welcome back, Spidey!

On a une première scène se passant dans l'aftermath des évènements suivant Avengers premier du nom qui nous fera comprendre pourquoi le vilain (Adrian Toomes aka le Vautour) en est arrivé à être le méchant qu'il est aujourd'hui. Ce qui est plutôt bon signe car le MCU prend enfin la peine de donner du temps d'écran et de développer le personnage du méchant du film. Ensuite on nous présente Peter après les évènements de Civil War attendant désespérément que Tony Stark lui confie une nouvelle mission digne de ses pouvoirs. En attendant il essaye de trouver comment défendre son quartier du Queens arrêtant des voleurs de bicyclettes ou guidant des petites vieilles à travers le voisinage.... Jusqu'au moment où en tentant d'arrêter un braquage d'un ATM, il est confronté à des armes à la technologie inconnue. Dés lors Peter n'aura plus qu'une idée en tête, remonter l'organisation qui vend ses armes.

Can't you just be a friendly neighborhood Spider-Man?

Bon, rentrons dans le vif du sujet. Spider-Man: Homecoming n'est pas un mauvais film, loin de là. Il est même divertissant et accompagné d'un bon rythme entre les différentes phases qui composent le film. La bande son sans être novatrice est très efficace et le générique de fin est un petit plaisir. L'humour est bien présent sans nuire au déroulement du récit. Mais néanmoins, il y a un grave problème dans cette adaptation, c'est le personnage de Peter Parker. En effet, c'est un personnage sensé être en constante souffrance. Ne pas avoir son origin story portée à l'écran, c'est ne pas le voir écrasé par la culpabilité d'avoir pu empêcher la disparition de son oncle Ben, seule figure paternelle de son enfance, et qu'il tend désespérément à retrouver à travers l'approbation du personnage de Tony Stark ici. Or cette recherche de l'approbation d'Iron Man perd tout son sens avec le facteur oncle Ben raillé de la carte. Il lutte également dans sa vie quotidienne pour allier son travail scolaire et sa vie de défenseur du voisinage. Décevant son entourage par ses retards et excuses à répétition et ses professeurs par ses faibles performances scolaires au vu de son potentiel. Or ici, Peter n'est pas affecté par la perte de son oncle, ses notes suivent et il est considéré comme le génie de l'école si bien qu'il peut se permettre de ne pas assister aux répétitions des concours de culture générale interscolaire et quand même avoir la place numéro 1 au sein de l'équipe, les gens restent plaisants avec lui malgré ses absences, il arrive à draguer plutôt facilement la star de l'école manifestement trop bien pour lui et dont on ne comprend pas vraiment son intérêt pour le personnage vu sa capacité à ne pas savoir aligner plus de trois mots en sa présence (bon après, elle kiffe peut-être les geeks malins et maladroits) et même Flash ici ne semble pas trop répressif dans ses tentatives de bullying... Son seul souci est donc de prouver à Tony qu'il ferait un bon Avengers. Je suppose qu'il y a pire comme souffrance dans la vie...

You have to stop carrying the weight of the world on your shoulders.

Après le film est clairement ciblé pour un public teenager et pourtant malgré le fait qu'il offre un temps assez conséquent au développement de la vie quotidienne de Parker, je ne suis pas convaincu qu'il arrive à parler à tous en pénétrant les souffrances et incompréhensions de la vie scolaire d'un grand nombre tant le film se contente de virevolter de scène en scène sans offrir de moment réellement percutant. L'inspiration de Miles Morales, le second Spider-Man de l'univers Ultimate est ici très forte ne fut ce que par son sidekick tout droit sorti de son univers et un gros jeu de diversité ethnique pour élargir au maximum le public visé.

Les scènes d'action sont réellement décevantes pour leur part. On a droit à aucune scène du tisseur masqué traversant Manhattan d'un gratte-ciel à un autre mais juste une traversée de banlieue dénuée de tout point auquel s'attacher et virevolter en haute altitude. La fluidité et la lisibilité des combats n'est pas terrible et les scènes n'offrent aucune originalité réelle. On ne sentira d'ailleurs pas d'enjeu véritable dans ces confrontations. De plus le costume beaucoup trop high-tech donné à Peter par Stark enlève la simplicité et la véritable force du personnage.

If you're nothing without the suit, then you shouldn't have it.

Au niveau de l'acting Tom Holland confirme une bonne prestation d'ensemble sans être véritablement convaincant pour autant. Sans doute à cause du manque de profondeur dramatique accordée au personnage. Marisa Tomey en tante May me perturbe un peu, je dois bien avouer. Autant je l'aime bien comme actrice, autant je ne comprends pas ce qu'on essaye d'en faire. Une espèce de cougar sympa qui aurait un lien plus amical que parental avec Peter? Je ne comprends pas trop l'orientation que l'on veut donner à son personnage. Michael Keaton quant à lui est très bon dans son rôle dès que la réalisation lui laisse suffisamment de place que pour cabotiner un peu. Il offre d'ailleurs une confrontation très intéressante en voiture avec Peter. L'apparition de Childish Gambino aka Donald Glover est assez cool (peut-être même trop?). Robert Downey Jr. quant à lui reste fidèle à lui-même mais de façon modérée pour ne pas voler la vedette au véritable héros du film. Par contre le scénario offrait de la place à d'autres méchants de la rogue gallery très grande de Spidey.

Bref, on a le droit à l'histoire cliché d'un ado imparfait voulant faire le bien et cherchant désespérément une figure paternelle pour lui ouvrir la voie. Histoire classique pour un film classique qui ne m'aura pas ennuyé une seule seconde mais pas véritablement transcendé non plus. De bons efforts ont été faits pour en faire une adaptation cohérente et intéressante mais d'autres points, en tant que fan du personnage, sont plus discutables et viennent un peu gâcher le plaisir. En tout cas, une chose est certaine, cela fait plaisir de voir le Tisseur de retour là où il se doit d'être!

Ps : restez à la toute fin du générique pour la plus drôle des scènes post-crédits jamais présentées.