Si le traitement de la licence Spider-man a su se montrer assez douloureux ces dernières années, la nouvelle proposition de Marvel Studios a de sérieux arguments pour réconforter les fans éplorés.
Qualitativement on ne peut pas dire que l’on ait été particulièrement gâté, entre une clôture douloureuse du triptyque de Raimi dont le processus créatif a grandement pâti de luttes intestines et les Amazing Spider-man dont le but était surtout de permettre à Sony de conserver les droits d’exploitation d’une licence sous-exploitée.
Troisième reboot (cinématographique) de la franchise, permis par une entente entre Marvel Studios et Sony, Peter Parker et son alias costumé s’inscrivent depuis Captain America : Civil War dans le Marvel Cinematic Universe. Exit l’origin story connue de tous, la figure tutélaire d’oncle Ben et son moto répété jusqu’à l’indigestion et retour aux sources : PP redevient cet adolescent malin et débrouillard, confronté bien malgré lui aux complexités du monde des adultes, partagé entre les désirs d’un teenager et son sens du devoir.
Le film se permet, à l’image des Ultimates de Mark Millar dont s’inspire le MCU, une réécriture partielle de l’univers de Spider-man : une figure paternelle bienveillante en la personne de Tony Stark (et Happy dans une moindre mesure), une complète réappropriation du Vautour, jadis méchant grand-guignolesque désormais transformé en père de famille tordu par le système (bien loin des méchants « classiques du MCU ») et la redistribution surprenante des seconds rôles. Les évolutions du personnage dans les comics ayant été nombreuses et radicales, j’imagine que les plus intégristes sauront réserver un accueil plutôt bienveillant à cette grosse poignée d’ajustements. Pour ne rien gâcher, le casting est au diapason, de l’impeccable duo Mikael Keaton – Tom Holland, à l’ensemble des seconds rôles sans oublier la sublime Marisa Tomei, une tante May qui fait tourner bien des têtes.
Spider-man retrouve ses origines de « héros de proximité » éminemment populaire, loin (pour le moment) des échauffourées et du vacarme inter-dimensionnels de ses collègues Avengers, plus propices à la construction du personnage. Néanmoins, son incorporation dans le MCU, en construction depuis maintenant 9 ans, est particulièrement réussie, que ce soit au travers du tutorat assuré par le couple Stark-Happy, la mise en place des enjeux, les vidéos de propagandes absurdes du Captain et une multitude de petits clins d’œil.
Imposant son propre rythme, beaucoup plus posé, bien réalisé et coloré, Spider-man Homecoming réussit à se forger sa propre identité, sans trop se faire phagocyter par le rouleau compresseur Marvel Studios. S’assumant enfin comme le teenage movie qu’il aurait toujours dû être, loin des préoccupations de jeunes adultes et la noirceur toute relative de ses prédécesseurs, le film sait se montrer tour à tour touchant et drôle, et constitue à ce jour le plus tout public des films Marvel.
Alors certes, le film n’est pas exempt de défaut, mais m’a laissé réellement enthousiaste. Difficile de reproduire toutefois la magie du premier contact avec la licence au cinéma, mais j’y vois plus un problème de subjectivité que de manque de qualités intrinsèques.
Assurément le meilleur Spider-man depuis 2004.