"Spotlight" est un super film qui repose sur une histoire (malheureusement) vraie.
Boston, 2001. Le nouveau patron du Boston Globe vient bousculer le quotidien rodé de la cellule Spotlight, une équipe de rédaction en interne spécialisée des gros sujets d'enquête. Et là, il ne s'agit pas de n'importe quel dossier. Notre équipe de journalistes va devoir ré-ouvrir le dossier des prêtes pédophiles de la ville. Un sujet sensible aux Etats-Unis, surtout lorsque l'on connaît la puissance de l'Eglise avec un grand E...
Au départ, l'enquête concerne une poignée de prêtes. Jusqu'à découvrir plus de 90 cas sur la seule ville de Boston. La sortie du sujet de Spotlight permettra de lever le voile sur plus 250 viols à travers le monde...
Un sujet chaud, un sujet flippant. Admirablement bien retranscrit dans le film de McCarthy.
Finalement, on ne voit presque pas de prêtres, ni d'églises. Seulement quelques victimes qui témoignent. Le film reste donc centré sur l'équipe de journalistes et le récit joue sur les non-dits, le suggéré, notre réflexion en somme. Le spectateur ne peut que s'installer dans la même posture que les journalistes lorsqu'ils écoutent les affreux témoignages d'anciennes victimes. La stupeur et le silence, face à l'incompréhension.
"Spotlight" est un film tout en équilibre, nerveux dans sa construction, réaliste dans son propos, de telle sorte que le long-métrage de McCarthy jongle parfois avec le style documentaire.
Face à cette neutralité de ton, on peut regretter le manque de relief de certains personnages... Ruffalo est sans aucun doute le personnage avec le plus d'épaisseur. A tel point qu'on peut se demander si lui-même n'a pas été abusé dans son enfance (notamment dans la scène clé où il s'emporte devant son supérieur Robinson). Keaton fait sérieusement le taff grâce à un personnage attachant et se désolant d'une telle perversité dans sa ville (on pense bien évidemment à la scène où il se remémore les matchs de hockey suite à l'entretien de l'un de ses anciens camarades, abusé lui aussi). Encore une belle performance de Tucci, incroyable acteur qu'on aimerait voir plus souvent. Il en est de même pour Liev Schreiber, qui m'a agréablement surpris dans la peau de ce grand patron inexpressif. On regrettera donc la mise en retrait trop importante de McAdams et Slattery (l'excellent acteur de "Mad Men").
Un film qui dépeint un contexte sordide, tout en laissant la place à notre propre réflexion, notre propre lecture des faits. Un film qui s'achève dans l’effervescence de la rédaction, après la mise en lumière de ce sujet brûlant : "Spotlight !".