Mise en place du mythe

Ah j'en aurais lu des trucs sur cette prélogie, du pas bon surtout et un peu de bon heureusement, et j'avoue que je faisais partie du premier camp après la sortie du film en 1999. Bon, je fais partie des fans de la première heure puisque j'ai eu la chance de vivre dès 1977 la sortie de cette mythique saga Star Wars, et il me serait impossible de décrire avec quelle impatience j'attendais cette fameuse suite (antérieure) de la trilogie initiale de George Lucas, je me suis dit : Enfin ! la voila cette seconde trilogie ! car s'il y avait un film qui fut attendu, c'était bien celui-là, 22 ans après la starwarsmania originelle. Au départ, Lucas avait conçu son univers en 3 trilogies, une avant la trilogie centrale et une après, mais il n'avait pas assez d'une vie pour les mettre en oeuvre, il avait donc abandonné. Il a juste fait une mise en bouche en 1997 lors d'une ressortie de la trilogie initiale en Edition Spéciale pour marquer les 20 ans, avec un rajout de scènes et un nettoyage utilisant la technologie numérique de l'époque qui permettait des choses infaisables 20 ans avant, c'est ce qui l'a décidé à entamer cette prélogie au vu du résultat positif.
En tant que fan, j'espérais le meilleur mais craignais légitimement le pire, surtout après le massacre infligé par la critique américaine. C'est donc tremblant que j'entrai dans la salle en me préparant à une grosse déception, et effectivement en sortant, j'étais tenté de dire : tout ça pour ça ? La (demi) déception a donc été à la hauteur de l'attente, j'étais freiné dans mon enthousiasme, et d'autres visionnages en DVD n'avaient guère changé mon sentiment ; ce n'est que récemment en revisionnant plus attentivement le film et le temps aidant, en prévision de la sortie de l'épisode VIII que j'ai décidé de revoir toute la saga dans l'ordre chronologique et de réévaluer cet opus.
Evaluons d'abord les défauts que j'ai pointé en 1999 : il y a une overdose d'extraterrestres virtuels et de créatures grotesques, un méchant génial (Dark Maul) mais beaucoup trop sous-utilisé alors qu'il présentait un énorme potentiel, de longs palabres politiques qui embrouillent le spectateur, une chute de rythme au milieu du film, le personnage de Jar-Jar Binks insupportable dans son langage et ses actions, et au design laid. J'avais aussi pointé la musique de John Williams incapable de retrouver sa fougue d'antan. Bon heureusement, j'ai réécouté attentivement sa partition et je ne sais pas ce qui m'a pris, la déception générale sans doute, mais je n'avais pas su déceler ses notes toujours aussi magiques mais aux thèmes plus discrets, le seul qui soit vraiment superbe étant celui rythmant le duel entre les 2 Jedi et le Sith.
Je reviens sur l'aspect politique qui fut sans doute l'élément le plus difficile à accepter ; trop de politique nuit à la narration, je le ressens encore un peu, mais en même temps, il en faut pour légitimer les actions des personnages, j'ai donc appris à mieux accepter tout ceci, tout comme je me concentre sur d'autres aspects qui me font réévaluer cet épisode, le plus gênant restant toujours JarJar, bouffon horripilant. Parmi ces aspects positifs, j'aime beaucoup la prestance charismatique de Liam Neeson parfait en maître Jedi zen, les moments où Yoda perçoit l'avenir funeste du jeune Anakin, la course déchaînée de modules qui est sans aucun doute la meilleure séquence du film, époustouflante de maîtrise technique et de visuel ; elle me fait beaucoup penser à la course de chars de Ben-Hur. L'autre séquence qui décoiffe est le duel à 3 avec un ballet de sabres-lasers virtuose, ça bouge très vite, on est loin du duel entre Luke et Vador dans L'Empire contre-attaque. Le visuel de Naboo et de Coruscant est également magnifique, il y a le plaisir de voir Samuel Jackson dans la saga comme il l'avait souhaité, et enfin d'un point de vue technique, on a des Fx qui tiennent du jamais vu en terme d'animation 3D, certains les trouvent vieillis, moi non, disons que ce paramètre ne me dérange pas.
Le résultat final n'est donc pas si mal, il y a de bonnes séquences et quelques petits détails sympathiques. Cet épisode introduit les personnages et met en place la trame du mythe, c'est en effet une introduction géante à la question que tout le monde se pose : comment le mignon petit Anakin va-t-il basculer du côté obscur et devenir Dark Vador ? Ceci laissait augurer une suite digne de la trilogie initiale par sa force épique dramatique. On peut relever aussi que le film sent l'argent, il n' y a en effet plus l'aspect bricolage sympa qui faisait la magie de l'épisode IV, Lucas s'est amusé ici à tester toutes les innovations en matière d'effets spéciaux, et parfois on peut saturer devant un trop plein de Fx réduisant les personnages réels à une sorte de figuration.
En conclusion, je remonte ma note de 7 à 8 pour être plus raccord avec les autres épisodes ; Lucas réinvente un monde que je croyais à jamais disparu, c'est ce qui rend vain le débat entre ceux qui aiment et ceux qui n'aiment pas. J'ai lu par-ci par-là que les anciens fans n'aimaient pas cette prélogie parce qu'elle trahissait l'esprit Star Wars, eh bien en tant qu'ancien fan, moi j'aime les 2 trilogies, et même celle qui est en cours (mais là n'est pas le propos), et même si cet opus reste le plus faible de la saga, il laisse espérer une suite plus intense et plus prenante, ce que fera le père Lucas.