Star Wars en 2017, c'est comme une délicieuse mayonnaise, concoctée en 1978, mais qui depuis aurait tournée ; on a beau tenter de modifier le dosage, rajouter des ingrédients, on ne retrouvera jamais le goût de l'origine.


C'est la malédiction des suites que de devoir subit l'ombre de la réussite, comme passer avec le premier de la classe à un oral.


Sous l'égide de Disney, cet épisode tente de rajouter une âme à ce nouveau chantier qu'était l'épisode 7 qui avait tant été décrié pour ses erreurs de jeunesse. Recette gagnante ?


Je serai tenté de dire que oui, tant les premières minutes sont intenses. On se sent si proche des X-Wing, de cette bataille stellaire et la durée des scènes relève du fantasme qui se réalise et auquel on ne croyait plus tant ces passages étaient egrénés au compte goutte dans la première trilogie.


Mais nos sourires se figent lorsque l'amiral Sux (quel que soit son nom) parle ; tant il est ridicule "attaquez les" "envoyez toute la flotte" et autres répliques dignes du commentaires pour malvoyants ou enfants en très bas âge, mais pas d'adultes capable de comprendre ce qui se passe à l'écran. Un bon film se mesure à l'ampleur dramatique, repose donc sur la dimension de sa contre-partie (le méchant), celui-ci ne peut décemment pas être benêt, car même si cela permet quelques gags, on se demande à la longue comment un benet devient amiral/général des armées de l'empire.


Là encore, Snoke est assez ridicule de laideur (on dirait un orc du seigneur des anneaux), personnage mal introduit qui n'arrive pas à la cheville de l'empereur de la première trilogie bien que tout aussi détestable et dont le départ est encore plus fumeux.


Kylo Ren, qui fut notre dernier espoir, renait un peu de ses cendres, tout comme le fit Dark Vador (c'est le cas de le dire). Il trouve dans cet épisode, au travers de son lien avec Rei un élément scénaristique interressant, mais bien que s'étant amélioré, l'acteur est un poil en deça du niveau requis pour jouer ce rôle. Comme dirait Coluche à propos des albums de Sylvie Vartan "ah il parait qu'elle a fait des progrès, remarquez je vais attendre qu'elle ai fait tous les progrès et là j'écouterai son album"...


Rei n'a absolument aucun intéret, mis à part une plastique tellement commune que le but évident est de ne pas prendre le moindre risque sur les rôles féminins ni sur le public qui le jugera, au regard des critères modernes. Ce personnage sera donc lisse, semblable à un peu toute jolie fille qu'on aura vu partout, et brillera plus par sa candeur combattive que par sa personalité. Ne la comparons pas à la princesse Leïa, qui si elle n'a jamais eu ma préférence, était cependant un personnage percutant mais nuancé, bien plus haut en couleur. Dans cette trilogie elle brille cependant par son non-jeu d'acteur, sorte de Nicolas Cage féminin (le fameux acteur monofacique), on l'aurai presque cru un élément de décors comme le serai une porte ou un arbre, mais non, Disney veut nous montrer qu'elle a sa place à côté de Chuck Norris ou de Jésus Christ, aussi ils nous sortent une des scènes les plus ridicules de l'histoire du cinéma ; où Leia survit au vide intersidéral (après une petite sieste), et retourne à son vaisseau comme superman va au travail en cape et collant bleu.


Finn prend définitivement le rôle de bouffon de service. Benicio Del Toro brille dans son rôle, Poe est le seul rôle masculin pro-actif de l'opus. Brillant remplaçant d'un Han Solo, lui aussi perdu lors du dernier épisode par un Harrison Ford incapable de l'incarner à nouveau.


Luc est le réel pilier de cet épisode, et s'il est faillible et décevra surement nombre de gens, il est le seul à faire progresser le spectateur côte à côte avec lui dans sa comprenhension de la force, de cet univers, de leur rôle et des luttes intérieures.


La partie graphique est le dernier grand rôle du film, les décors sont somptueux, parfois trop au point de manquer de réalisme tant ils peuvent être lisses et sans accrocs. Le montage est correct dans les scènes d'actions mais rythmé de manière simpliste, contribuant à ne rarement décontenancer le spectateur, renforcé par des dialogues globalement d'un très bas niveau.


J'ai été bercé d'un très bon souvenir à la sortie du film, mais à y réfléchir, il reste bancal.


J'aurai aimé qu'il soit plus affirmé, plus Shakespearien (sombre et intense) comme la première trilogie. Mais Disney vise avant tout à ne déplaire à personne. C'est donc le spectateur le perdant dans cette histoire, car Star Wars 8 est gavé de fade-aises, comme on remplit les rayons d'aliments sucrés plutôt que naturels. Le sucre sur l'instant, ne déplait jamais. Tout n'y est pas à jeter, mais l'argument souvent avancé est de devoir "réinventer" la saga, sous-entendu qu'elle serai devenue vieillotte. C'est l'inverse : plus que jamais, la saga subit aujourd'hui le culte de l'instantané plus que de l'intemporel


Comme la république et l'ordre Jedi, Star Wars chutera. Et renaîtra un jour ailleurs, sous une autre forme, sous un nouveau jour.


Amen et que la force soit avec vous.

Rise_aware
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le 31 déc. 2017

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Andrew Wiggins

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