Après le fiasco artistique (mais succès commercial) de Le Réveil de la Force, film hypocrite et fade sans aucune identité propre, le huitième opus des aventures d’il y a très longtemps, dans une galaxie lointaine ne m’aura pas vu au cinéma lors de sa sortie, car je croyais Disney incapable de montrer de l’ambition et de l’originalité pour une saga qui avait pourtant l’habitude de nous montrer de l’ambition et de l’originalité.
Mais voilà que Les Derniers Jedi se fait insulter de "violeur d’enfance", "démystificateur de mythes", "honte à la sainte trilogie" et j’en passes. Le film a la réputation de défoncer complètement la mythologie Star Wars au bazooka, quitte à énerver les fans puristes de la saga originelle qui accusent Ryan Johnson de tous les maux de la Terre pour ce "fiasco multi-générationnel".
Et là je me dis "un film qui prend des risques, qui pose ses balls sur la table, qui accouche d’un amas de nouveauté comme au bon vieux temps de ce bon vieux Georges Lucas ?"
Les étoiles dans les yeux, j’attends avec hâte la sortie BLU RAY de ce Star Wars.
Du coup, Star Wars est-il redevenu Star Wars ?
Pas tellement en fait....
Quelques points positifs...
On a à faire à un film qui, visuellement, adopte tout de même une démarche plus créative que l’épisode VII ou encore Rogue One (qui se contentaient de surfer sur les mêmes plans que la trilogie originelle, sans démarche d’innovation, et qui, visuellement, ressemblaient plus à des films bien de chez nous les terriens plutôt qu’à un monde imaginaire qui nous aurait permis de nous évader). Que ce soit les scènes au casino, où cette planète à la fin, mélange de blanc et rouge superbement contrasté, on assiste à une démarche visuelle bienvenue, on s’évade, ne serait-ce que quelques minutes.
Mark Hamill fait correctement son travail, et voir un visage culte de la saga respecter son rôle, lui laisser son authenticité et lui rajouter une dimension noire supplémentaire, ça fait du bien. Là où la regrettée Carrie Fisher (et j'adore cette femme attention) abordait une plastique déroutante et inexpressive (on a pu remarquer que la chirurgie esthétique ne faisait pas que des miracles) et Harrisson Ford lui, avait opté pour la prestation "je prends mon imposant cachet, je dis une phrase culte, je meurs et je me barre", eh bien le Mark, lui, a fait tout le contraire. On a à faire dans ce huitième opus à un Luke assailli de reproches, affaibli par le poids des années et de la honte, physiquement ravagé, aux cheveux et à la barbe hirsute, et ça, cette "naturalité" chez ce personnage, ce côté "dark", ça donne un souffle pas désagréable aux Derniers Jedi, car Luke Skywalker a peut être avec Les Derniers Jedi eu son meilleur rôle, le plus profond en tout cas.
Quelques plans mémorables, comme à la fin, celui de Luke, face à l’immensité de la mer et du ciel, disparaissant et rejoignant la Force, et celui de ce gamin scrutant l’espace avec attention, le symbole de la rébellion au doigt. Ce gosse, imperturbable, l’espoir et le rêve dans son regard, c’est un peu le reflet du fan de Star Wars à mes yeux, l’image du spectateur fidèle à la saga, ayant lui aussi des étoiles dans les yeux, et c’était une bonne idée d’avoir terminé le film avec ce plan, et de pas avoir conclu sur les personnages principaux, qui peinent à mériter notre attachement.
Malheureusement la meilleure idée du film...
...Pour un flot de points négatifs
Derrière ces quelques scènes et bonnes idées qui tiennent sur les doigts d’une main, Les Derniers Jedi se révèle être franchement moyen...
La faute déjà à des longueurs assez incroyables, car jamais dans l’histoire de la saga, j’aurais cru qu’un film Star Wars serait ...chiant. Un montage bancal, un faux rythme qui s’installe, des scènes à la faible importance trop longues, le film s’étire en long et en large et aurait mérité au moins vingt minutes de moins.
Autre point faible du film, un casting qui n’a pas appris grand chose en deux ans.
Daisy Ridley fait peine à voir, pas beaucoup d’expressivité dans son regard, la demoiselle en colère ressemble à la demoiselle en pleine méditation, un peu comme Kristen Stewart, Ridley possède deux expressions, les deux sont les mêmes.
John Boyega reste à jamais la tête à claques du Réveil de la Force, dans ce qu’il fait comme dans ce qu’il dit, il arrive à être profondément pitoyable.
Adam Driver, acteur atypique pourtant excellent dans une comédie dramatique ou un film d’aventures sous fond religieux, mais qui n’a pas les épaules pour un méchant Star Wars (cela dit, c’est une bonne idée qu’il ai enlevé ce masque ridicule) et bascule dans la caricature du gosse inexpérimenté un peu trop émotif. Si son travail n’est pas exemplaire non plus, il me faut tout de même avouer qu’il y a un chemin accompli dans la prestation de Driver entre l’épisode VII et l’épisode VIII.
Si les acteurs n’arrivent pas à donner un quelconque souffle d’émotion dans ce film, la musique ne s’en sort pas mieux, car hormis les titres cultes qui font rêver les fans depuis 1977, il n’y a rien de plus ou de nouveau.
Pourquoi est-ce si difficile d’inventer de nouveaux titres mémorables ? La Menace Fantôme avait Duel of the Fates, l’Attaque des Clones avait Across the Stars, donc les classiques ne datent pas que de la première trilogie, pourquoi aucune démarche de création musicale ?
La musique, bien maniée, permets de transcender une œuvre cinématographique, et ajouter une portée émotionnelle lorsque les autres aspects du film échouent à ce niveau, et la B.O. de Les Derniers Jedi se plante en beauté.
Les choix scénaristiques et narratifs du long métrage ne lui rendent pas du tout justice. Un film se doit d’être cohérent dans ce qu’il raconte, il possède son propre monde, sa propre logique, et Star Wars VIII, de même que son prédécesseur, ne respecte même pas sa propre logique.
Comment le Premier Ordre a pu attaquer les rebelles aussi rapidement ? Quel est l’événement déclencheur de la scène introduction ? Pourquoi Leia ne contrôle la Force que maintenant, pourquoi pas avant ? Pourquoi Finn et compagnie se décident à aller chercher un fichu hacker à l’autre bout de la galaxie alors qu’il ne reste que 18 heures au vaisseau de la rébellion avant de ne plus avoir de carburant ? Pourquoi Rey se voit dans le miroir lorsque qu’elle demande qui sont ses parents ? la Force elle même l’a t elle engendrée ??? Est-elle comme Anakin ? Alors pourquoi Kylo lui révèle qu’elle a des parents ? Pourquoi elle ne les a pas vu dans le miroir ? Comment Kylo Ren a fait pour venir à bout aussi stupidement et aussi facilement de son maître alors que celui ci est sensé avoir crée le premier ordre, renversé le pouvoir et être à la limite plus puissant de le seigneur Sidious lui même ?
Toutes ces informations floues font de Star Wars - Les Derniers Jedi un film qui ne sait pas où aller, qui prend des directions manquant de cohérence peut être simplement par facilité afin d’arriver au déroulement final, et c’est flagrant lorsque le scénario du dit film peut tenir sur une feuille de papier toilette.
Ce qui fait de ce film une œuvre assez peu représentative de sa réputation de Star Wars original, c’est qu’il y a des partis pris dans son intrigue qui confinent au plagiat tout comme l’épisode VII. L’entraînement de Rey par Luke, son séjour dans un lieu maudit où règne le côté obscur, la planète casino, la fin qui ressemble à la bataille de Hoth, quasiment tout dans ce film se rapproche dangereusement du cultissime épisode IV, quitte à en faire un copié collé comme c’était le cas dans l’épisode VII, en moins flagrant certes (en même temps, difficile de faire pire, à moins de pondre un remake officiel), mais certains choix font trop allusion à l’auto-référence, pour cibler un public cible et c’est terriblement frustrant.
Moyen, car original, ou moyen, car pas si original que ça ?
Les Derniers Jedi, loin d’être l’archétype ultime de la médiocrité comme l’était Le Réveil de la Force (me rappeler et écrire ce titre me fait d’ailleurs saigner du nez en psalmodiant des épigrammes en latin comme un possédé) ,reste tout de même une petite déception. Un film qui, s'il porterait la carte "science fiction", serait vraiment pas mal, mais ce déroulement simpliste dans une galaxie lointaine n'est pas qu'une énième grosse production de SF, c'est un Star Wars, et en tant que tel, il n'est pas terrible...
Ce qui est étrange, c’est qu’il a été une source de mécontentement pour la majorité des fans qui ont mal vu ce retournement de mythe dont a été victime leur saga fétiche, accusant l’épisode 8 de démystifier l’univers crée par George Lucas alors qu’ils auraient peut être voulu rester dans leur zone de confort. Mais au final, ce nouveau Star Wars se s’éloigne pas beaucoup de sa zone de confort habituelle, et quand on parlait de démystification, j’attendais une démystification au lance-roquettes. Cette soit disant déconstruction d’un mythe pointée du doigt par les fans en colère s’arrête au politiquement correct, ne prend finalement pas autant de risques que ça, et c’est bien dommage.