« Starbuck » est un film canadien apparu dans les salles françaises le vingt-sept juin dernier. Pour être plus précis, il est québécois. Cela fait qu’il est francophone et ne nécessite aucun sous-titrage. Son réalisateur est Ken Scott que je ne connaissais pas jusqu’alors. Sa durée est un petit peu inférieure à deux heures. Son acteur principal est Patrick Huard que je découvre ici. L’affiche est attrayante pour une raison particulière. Elle est l’œuvre de Dupuy et Berbérian. Ils sont deux auteurs talentueux de bandes dessinées. Leur héros le plus célèbre est Monsieur Jean dont je suis un fervent adepte. Ils proposent une illustration colorée qui se rapproche de l’esprit « comics ». Pour ceux qui voudraient en apprendre davantage sur la conception de celle-ci, il faut se procurer le numéro estival de la revue dBD qui offre une interview passionnante à ce propos. Mais je m’égare, revenons-en à ce film qui m’a attiré dès que j’ai eu le plaisir d’en découvre la bande annonce.

Cette dernière nous présentait un looser dont le fait d’armes était d’avoir été un donneur de sperme effréné il y a une vingtaine d’années. C’est ainsi qu’il apprend qu’il est le père de cinq cent trente-trois enfants et que plus d’une centaine d’entre eux ont fait la demande de connaitre la réelle identité de ce « Starbuck » qui est le nom administratif de leur géniteur. La nouvelle serait rude pour tout le monde. Mais elle est davantage pour un éternel adolescent qui n’arrive pas à se gérer lui-même. Telle est la situation de David Wozniak…

L’idée est originale. On ne peut pas le nier. « C’est l’histoire d’un donneur de sperme qui a cinq cents enfants » est un résumé qui ne peut laisser personne indifférent. Certains font trouver cela nase, sans intérêt ou gras. D’autres, comme moi, vont trouver qu’une telle histoire a un potentiel de comédie certain. Mais la partie la plus difficile était de confirmer cette bonne impression en faisant naitre un film réussi, drôle et touchant. « Starbuck » s’adresse autant aux hommes qu’aux femmes. Je pense que tout le monde peut être emporté par ce fait divers haut en couleur.

La bande annonce annonçait le fil conducteur. Le film ne perd donc pas de temps à mettre la situation en place. Les « enfants » de David intentent une action en justice pour connaitre leur père. Il va sans dire que David veut rester anonyme. Le héros est présenté comme un looser. Il a donné son sperme plusieurs centaines de fois durant une durée relativement courte. Malgré cela, on en vient à se poser la question : que ferais-je à sa place ? Son meilleur ami et futur avocat lui répond : « Personne n’est à ta place ». On ne peut pas lui donner tort. La maladresse touchante de David ajoutée à sa situation ubuesque déclenche chez le spectateur une empathie immédiate. On est tout de cœur avec lui et on lui souhaite tout le bonheur du monde.

Le film est loin d’être un pensum juridique. Le procès n’est finalement qu’une des nombreuses trames qui agrémentent la narration. David se voit remettre la fiche descriptive de chacun de ses « enfants ». Il décide alors de partir à leur rencontre de manière incognito. Il décide de devenir leur ange gardien. Cela offre des moments touchants, drôles et souvent maladroits. Le cheminement dans ce domaine fait naitre des personnages secondaires très différents qui densifient ainsi le propos. David ne prévient que son meilleur ami de la situation. Sa conjointe ne connait pas la situation et ne voit son petit ami comme quelqu’un de non fiable. C’est pourquoi, leur couple bat de l’aile quand elle apprend qu’elle est enceinte. Cet aspect du scénario donne un nouveau de statut. Alors qu’il est un super « papa génétique », David s’apprête à devenir un « papa classique ». Cela offre à ce dernier l’occasion de se révéler. Tout ne sera pas si simple mais cela offrira de vrais bons moments pour le spectateur.

Je trouve que les acteurs sont vraiment tous bons. Le moindre second rôle est réussi. Cela nous permet de vivre des moments d’une vraie richesse émotionnelle ou humoristique. « Starbuck » nous offre de la bonne humeur. Certains pourraient reprocher que les bons sentiments sont « too much ». Je ne le pense pas. On est vraiment touché par cette aventure qui arrive à nous prendre aux tripes à certains moments et nous faire rire de bon cœur à d’autres. Cet aspect garantit déjà l’excellente qualité d’un film. Certains regretteront que le déroulé juridique est simplifié, que certains problèmes se résolvent facilement. Cela ne m’a pas gêné. On n’est pas dans un cours judiciaire. On est là pour prendre du plaisir et l’objectif est atteint.

Au final, « Starbuck » est une découverte que je ne regrette absolument pas. J’ai passé un excellent moment à suivre les pérégrinations de David pour se sortir de l’accumulation de problèmes que semble être sa vie. On ressent une envie permanente qu’il réussisse. Il s’agit vraiment d’un film que je reverrai avec plaisir bien qu’en en connaissant le dénouement. Mais la bonne humeur et la joie sont deux choses qu’il est toujours agréable de rencontrer.
Eric17
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le 1 sept. 2012

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Eric17

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