Depuis toujours, la caméra de Claire Denis cherche à approcher les êtres au plus près de leur corps. Pour moi, elle atteint un sommet de sensualité avec stars at noon. Jamais je n’avais vu caméra balayer de si près les rues, les corps, les visages perlés et chauds. Jamais je n'avais vu de corps masculin filmé ainsi, au plus près de la peau, sublime. Jamais surtout, je n’avais vu de scène d’amour si intime, si proche –du sang dans l'amour, c'est quand on s'aime de très près–.
Dans les rues du Nicaragua, on est moite, on est perdu, on ne sait même pas si c’est le présent ou le passé. La violence est partout. Mais rien n’a d’importance, puisqu’on ne sait pas bien pourquoi on est là, ni même si on est bien là. C’est la vie, la vraie, celle où les filatures sont molles, puisque l'air colle à la peau, où on attend à la frontière même si on cherche à s'échapper, où on change d'avis, puisqu'aucune décision n'est vraiment la bonne. Le rhum tort le ventre et la chaleur nous porte, hagards, dans cette fuite langoureuse.