Le désert. Et pourtant, ce n'était pas faute d'avoir tenter une formule prometteuse : réunir l'équipe du dernier starship troopers (petite pépite visuelle) avec le scénariste du premier et du troisième opus de la saga, les seuls qui étaient parvenus à introduire assez de matière politique et sociale pour donner vie à cette incroyable société militariste, bien plus intéressante que les évolutions bisseuses des parasites célèbres. Ici, toutes les bonnes idées politiques sont soit évacuées après quelques minutes (le consensus politique sur les chaines du réseau, le prétexte de la frappe), soit ridicules ou hors sujets (mais elles sont conservées et développées durant tout le film). Si le dernier starship troopers était hors sujet dans sa vision ultra japonaise du sacrifice au nom du devoir (soit les messages de propagande au premier degré), on passe ici dans les bas fond de la dénonciation politique des fin de soirée au bistrot de José. Rendez vous compte que la seule dénonciation politique du film consiste à charger une sky marshall uniquement soucieuse de son indice de popularité tout en faisant passer une politique de châtiment des velléités indépendantistes (ici d'une colonie martienne). L'idée est bonne, mais quand on en a conscience dès les 20 premières minutes du film et que le programme ne changera jamais, cela pose un sacré problème de fond. Et d'ailleurs, pourquoi cette sky marshall se soucie-t-elle de sa popularité sachant que l'état de guerre permanente lui donne encore tout pouvoir et que les civils formant la majeure partie de la population n'ont aucun droit civique ? Il me semble qu'Ed Neumeier devient vieux (et c'est bien dommage, car Starship Troopers III contenait encore de beaux restes). Bref, on s'ennuie entre les quelques scènes d'action, au demeurant bien plates, guère boostées par une musique sous morphine (jamais entendu une partition aussi monotone et peu inventive) et nos personnages qui foncent vers une... mutinerie. Une mutinerie dans une société militariste... Parce qu'on leur donne un ordre pas bien... Heu, non, je crois que ce scénario se fout de ma gueule. J'ai beau aimer l'idéalisme, il faut savoir se rendre compte quand on fait n'importe quoi, et ici, cette vague relation d'amitié qui unissait nos personnages semble un bien faible prétexte pour leur faire défier tout la fédération. On passera sous silence l'utilisation des pouvoirs de médium, assez maladroitement exploité. On sauvera toutefois, la séquence survie de Rico qui affronte les parasites avec des bouts d'armures incomplets, ainsi qu'une petite amélioration à base de réacteurs dorsaux qui dopent les séquences de déplacement. Et une occasion manquée avec le sujet de la terraformation, technique intéressante qui aurait méritée d'être davantage exploitée au vu des possibilité qu'elle offre au cours du final.


En bref, Aramaki a dû lire ma dernière critique et a voulu se payer un scénariste digne de ce nom, hélas, c'était une mauvaise pioche, le vieux Ed n'étant visiblement plus capable d'associer subversion politique et humour sans trahir son public ou son sujet (les flashs infos débats déprimants de vulgarité malgré l'envie de souligner le consensus). Allez, on parie sur le 6ème et on y reviendra dans deux ans...

Voracinéphile
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le 24 août 2017

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