John Travolta et la conquête de Broadway

Six années plus tard, la danse est toujours sa drogue. Suite de La fièvre du samedi soir, Staying Alive, il ne faut pas se fier à son affiche semblant nous avertir qu’on met les pieds dans un nanar. A tous les amoureux de danse, à tous les fans de John Travolta et sa cool attitude, à tous les nostalgiques des eighties, Sylvester Stallone vous propose un film musical offrant un spectacle digne de Fame. Enfilez votre justaucorps et allez transpirer sur scène !


Du disco au ballet


Sylvester Stallone en réalisateur s'occupant d'une comédie musicale? Qui aurait cru que Stallone serait capable de ça? Six années ont passées depuis La fièvre du samedi soir. En 6 ans, cet ancien voyou de Tony Manero, il a fait son petit bonhomme de chemin. Son ancienne vie n’est plus qu’un lointain souvenir. Il a quitté Brooklyn, ses parents, ses anciens potes, son job dans le magasin de peintures, les pistes du 2001, en d’autres mots, tout ce qui le trainait vers le bas et l’empêchait d’aller de l’avant, réaliser son rêve : devenir danseur.


Oui, son orgueil, celui là même qui lui avait fait défaut, il l’a gardé mais, il a murit, troquant en parallèle ses pantalons pattes d’éph pour des jeans, sa petite coupe de cheveux bon chic bon genre pour une coupe so eighties et ses chemise en col pelle à tarte pour des petits tee shirt moulant tout en mettant par-dessus un blouson en cuir de motard additionné à une petite écharpe.


De plus, dites au revoir au torse, au dos velu et au début de bedaine. Tony, il a opté pour une épilation intégrale et en prime, il c’est mit au sport. Ca ne plaisante plus, pour pouvoir danser à Broadway, il faut prendre soin de son corps ! Ne croyez pas pour autant que Tony a la vie rêvée à Broadway. Nous voici en plein dans le quotidien d’un danseur luttant pour exercer son métier. Tony, en pleine rédemption, habite une chambre d’hôtel miteuse, lave son linge dans sa douche, vit de ses deux emplois en tant que prof de danse et serveur dans une boite à la mode.


N’en déplaise à certains, Staying Alive, je le préfère à La fièvre du samedi soir. L’ambiance années 80 me parle plus. Il n’y a pas que ça. Hormis cette petite peste de Laura que tu vois déjà à des kilomètres qu’elle va bien pourrir la vie de notre héros, Tony, il regarde plus les gens de haut, on a moins envie de lui en décoller une et sa petite amie Jackie, qui n’est pas une Annette 2.0, on a pas envie de la secouer parce qu’elle est intéressante, plus intéressante que l’a été Annette.


L’environnement, il fait un peu plus propre que les rues de Brooklyn, et surtout, cette suite, part avec un bel avantage : exit les potes craignos de Tony. Pas de coucheries de force, pas de bastons puériles, pas de critique sociale, pas d’engueulades familiales, on est passé à autre chose. Il y a volonté de faire évoluer le personnage principal, volonté d’explorer en profondeur le monde de la danse et la vie de danseurs en devenir.



J’ai pas toujours respecté les femmes mais depuis que je me suis
installé à Manhattan, j’ai des idées différentes sur la vie. J’ai
muri, je jure plus et je bois plus, et je fume plus.



Visitez les coulisses du monde de la danse


Staying Alive nous plonge aux cotés de Tony Manero en plein cœur du monde de la danse. Les auditions, rivalités et coups bas entre danseurs, Les répétitions, installation des futurs décors du spectacle, première représentation, ce monde n’aura plus de secrets pour vous. Parce qu’il galère à obtenir des auditions, Tony a commit en cours de rédemption une incartade. Pour être sûr de réussir et vivre de sa passion, il est devenu un opportuniste utilisant tous les moyens nécessaires « maladroits » pour parvenir à ses fins. Et tant pis si ça peut aller jusqu’à en malmener le couple qu’il forme aux cotés de l’adorable Jackie, chanteuse, danseuse. Un petit triangle amoureux Laura/Tony/Jackie ? Hélas oui. Pour le coup, ça peut faire lever les yeux au ciel.


Ce long métrage étant réalisé par Stallone, Staying Alive et son héros en adoptent la philosophie de l’acteur. Il y a du Rocky Balboa en Tony Manero. De loser à numéro 1. A mesure des épreuves qu'il traversera, Tony, tout comme Rocky, prendra conscience de sa valeur, et finira par s'imposer dans ce monde de requins où tout le monde se sert de tout le monde. Comme Rocky, Tony, il a la tchatche, il voit la vie d'une manière naïve tout en étant réaliste, il est un peu simple d'esprit et ne comprend pas toujours la manière dont fonctionnent certaines personnes.


Un peu naïf le Tony. On se souviendra de ses nombreuses échanges agaçants avec le personnage de Laura, starlette puissance 1000, méprisante, cruelle, au sourire satanique, au regard tellement vicieux et hostile que si elle pouvait, elle changerait ses victimes en pierre et les renverseraient à la seconde qui suit. Sa relation avec Laura, on a le sentiment d’y voir une inversion de son histoire avec Annette dans La fièvre du samedi soir. Un petit retour de bâton ?


Puis Tony, par moments, il nous fait rire comme il l’avait fait quand il avait 19 ans. On s’amuse à le voir se parler à lui-même (« ah Manero il est pas au point ton vocabulaire » qu’il se dit), attendre avec anxiété son coup de fil dans un hall plein de vieux avant de se précipité tout excité dès que l’appareil se met à sonner, jouer les beaux parleurs pour ne pas dire qu’il a peur, ou harceler constamment le réceptionniste de son hôtel pour savoir s’il y a un message pour lui. A coté de ça, Tony, il reste ce type cool à l’aura digne d’un Patrick Swayze (mention à sa célèbre démarche). Staying Alive est une occasion de voir l’évolution physique, psychologique, et les progrès en danse de notre héros.


Il y a de la hargne, de la passion, de l’intensité dans ses mouvements. Il a beau porter un justaucorps un peu efféminé moulant son petit popotin musclé, son style fait très masculin à coup de muscles saillants accentués par un joli teint de peau prouve que c’est un mâle, un vrai ! Alors que les répétitions donnent un air de déjà vu, le dernier quart d’heure, celui d’un spectacle où décors cyberpunk, fumée, jeux de lumières et jeux de couleurs s’entremêlent, Staying Alive nous offre un numéro de danse d’une qualité surprenante. Tony Manero sur scène, ça fait quelque chose au point d’en donner des larmes aux yeux à maman Manero, de retour pour l’occasion.



Mais où est ce qu’il a apprit à faire tout ça ?



Au final, son introduction dynamique donne déjà le ton, ça sera un film 100% eighties et quelques clins d’œil aux seventies. Moins sombre, moins agaçant et plus optimiste que La fièvre du samedi soir, Staying Alive, loin d’être un film rose bonbon se permettra de critiquer par le biais de son héros, le monde de la danse et la superficialité de certains de ses interprètes. Une mise en scène et photographie de grande qualité mettant joliment en valeur les numéros de danses et la Manhattan, de la transpiration de vrais sportifs, de l’émotion sincère, une bande originale adaptée à l’époque (du Bee Gees et beaucoup de Frank Stallone, plutôt bon comme chanteur), un John Travolta au sourire charmeur, autant talentueux en danseur qu’en acteur, une Cynthia Rhodes exceptionnelle et charmante, des performances impressionnantes pour les amoureux de danses et même pour les autres.

Jay77
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le 17 mars 2019

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