Avec Steve Jobs, Danny Boyle s'attaque pour la seconde fois de sa carrière au biopic. 127 heures étai un huit-clos solitaire, véritable exercice de style où il filmait pendant les 3/4 de son film un individu pris au piège. Tout le challenge reposait sur l'immobilité total de son personnage coincé au fond d'une crevasse. On se rend vite compte que son nouveau film n'est pas si éloigné de ce concept.
En effet, le scénario place les évènements sur 3 dates clés de sa carrière, à chaque fois lors de la présentation d'un nouveau produit. Choix pertinent que ces moments qui mélangent passé, présent et futur. C'est l'occasion de dresser un bilan, d'anticiper l'avenir et de réussir son annonce. Enfermement quasi total pendant 2h, baladant le spectateur de couloirs en amphithéâtres, sans oublier de grands bureaux vides et les loges, le long-métrage de Danny Boyle nous invite à suivre le destin d'un être complexe, tourmenté par son passé et dont le génie n'est pas forcément celui que l'on croit. Abandonnant ses nombreux effets de style, le réalisateur anglais livre une mise en scène intelligente, exploitant son sujet au maximum, la caméra gravitant autour des personnages comme jamais. Le rythme est effréné, véritable tourbillon d'informations et d'émotions.
On a le droit ici à un casting 4 étoiles. Mention spéciale (encore) à Michael Fassbender, impeccable en Steve Jobs, prouvant à nouveau à la planète cinéma, après le sublime MacBeth, toute l'étendue de son talent. Les seconds rôles ne sont pas en reste, superbement écrits et interprétés par des acteurs en pleine forme. Boyle a su plier son style à son sujet et non l'inverse, conscient de l'or qu'il avait entre les mains, entre un scénario impeccable et des interprètes à leur meilleur niveau.
Appuyé par une bande originale en phase totale avec les images et les différentes époque, riche en sons électroniques renforçant l'immersion, Steve Jobs est une grand réussite pour son auteur et sûrement l'un des meilleurs films de ce début d'année.