Quelque chose me fascine paradoxalement chez ce Straniero : lieu, personnage, époque, instant... monstre que je rencontre le moment d'une éternité, marquant par son mystère, et que pourtant je laisse comme si ce n'était qu'un rêve, un cauchemar... la réalité dans tous son surréalisme.


Ce Straniero, c'est cet étranger, film noir métaphysique amateur, semblant à la fois être une première et dernière oeuvre d'artistes aux conceptions variés, chacun apportant son style, la figure du monstre, au reflet trouble.
C'est incroyable à quelle point, tous Straniero, tous sont seuls : entre le méchant cliché sur-joueur Alexandre qui veut tant nous divertir, le serveur métier sans personnalité sauf dans sa dernière réplique, le François/Viggo qui se prend pour un héros taciturne mais ne sait pas trancher, le Pierre en t-shirt blanc avec son coca et qui veut mettre un point aux cris, le Léopold qui échange avec nous et montre sa peur à tous les coins, la Mona perdue qui ne réagit pas et qui est pourtant déclarée leader, l'Ami d'Alexandre qui débarque comme une soupe sur un cheveux et disparaît aussitôt.


Scénariser en quelques mois, tourner en deux (voir plutôt une) soirée, il y a dans la démarche de Straniero quelque chose qui m'inspire : avec un scénario où chaque mot avait fait un débat, le tournage fut en fait une grande improvisation où chacun joua son rôle. On ne savait pas où on allait, on s'engueulait, on se félicitait. Il n'y avait rien de professionnel. J'ose dire que Straniero fut peut être mon régime anarchiste préféré, ahah. Car j'y étais : certains disent qu'ils ont connu la guerre, j'ai connu Straniero.


Malgré une fin trop complexe à mon goût (je crois qu'être subtile c'est être simple), malgré quelques passages peu intéressants (la scène juste avant l'arrivée de l'Ami d'Alexandre), malgré un manque d'ouverture (un huis clos ouvert, c'eût été magistral), j'aime cette grande branlette intellectuelle. Je ne suis pas objectif, ce serait nous mentir.
Straniero est une oeuvre d'ensemble, pas de détail, et j'adore cela. C'est un monolithe. Là où on ose jouer avec les projecteurs, là où on ose alterner magistralement les rythmes comme dans le passage de l'arrivée de l'Ami d'Alexandre (où gros plans constellent un plan d'ensemble qui sature dans son mouvement) précédant le plan séquence avec les projecteurs dans nos gueules. C'est prétentieux et jeune (vive la prétention jeune, pas celle mature).


Ça mélange le second et le premier degré (comme quand Léopold dit à Pierre que Mona arrivera quand il aura "disparu aux latrines"... ce qui sera le cas). Car oui, c'est un mélange hétérogène.


Il y a quelque chose de pathétique, moi (et j'imagine que mes Amis aussi), nous aurions tellement voulu que toute les subtilités qui nous traversaient (et me traversent encore, car je ne compte pas mûrir) se retrouvent dans l'oeuvre. Peut être que nous n'avons pas su prendre notre instant. Il était minuit, nous avons bâclés 3 fins qui ont été au final mélangé dans un gloubiboulga psychédélique lourd au montage.
Et comme dirait mon Ami : "C'était vouloir faire taire l'écho en criant, vouloir courir plus vite que son ombre. Hélas !".


Pour le retour de Straniero, j'irais à mon rythme.

Asendre
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le 6 févr. 2019

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