Film méconnu d'un réalisateur complètement oublié, Yasushi Sasaki (1908-1993), à qui l'on doit tout de même 180 longs métrages et téléfilms sur une carrière de 40 ans !
Un rônin (Utaemon Ichikawa, là aussi un vétéran du jidai-geki) débarque dans une ville sous la coupe d'un gang de proto-yakuzas qui terrorise la population. En intervenant pour sauver une geisha en fuite, il découvre des enjeux politiques et affairistes beaucoup plus profond que ce qu'il n'imaginait. Heureusement pour les personnages qu'il va aider, sous son air débonnaire et bon vivant se cache un redoutable bretteur.
Chronologiquement, ce petit chanbara sympathique est intéressant, parce qu'il montre encore des samouraïs à l'ancienne, nobles, bienfaisants et prêts à aider une population opprimée (un petit côté Yojimbo/Sanjuro) en cette année 1963 où le film de samouraï prend un virage très sombre et nihiliste (dans la lignée de Hara-kiri et Contes cruels du Bushidô) et les traits narratifs qui caractérisaient ce genre sont en train de se transposer aux films de yakuzas dits chevaleresques (ninkyo-eiga). C'est un peu la passerelle entre les deux univers, on trouve déjà ici tous les codes du ninkyo : population civile sous la coupe d'un clan malfaisant, héros sauveur, affrontement final dans un fracas de sabres. C'est à la fois désuet sur le côté samouraï et en même temps précurseur des films que produira la Toei au cours des 8-9 ans à venir (~1963~1971).