Après son percutant film Les Brasiers de la Colère Scott Cooper revient avec un film biographique qui retrace le parcours du célèbre criminel qui à sévit en Amérique et plus particulièrement à Boston. Dans Strictly Criminal nous faisons un bond dans le temps des années 70-80 en compagnie de malfrats. Comme nous nous y attendons dans ce genre de biopic nous échapperons pas au classicisme que nous propose le réalisateur. En effet la mise en scène est élégante et le scénario est bien écrit. Côté casting nous assistons à un des rôles les plus convainquant et performant de Johnny Depp il s’impose avec force, devient un véritable gangster charismatique et nous fait oublier que nous sommes dans un film de fiction. En adaptant la gestuelle, l’allure et le look de Jimmy Bulger, Depp fait parfaitement illusion et démontre l’envergure du talent dont il peut faire preuve. On frissonne véritablement face aux colères froides du gangster, on est glacé jusqu’au sang lorsqu’il jette des regards noirs, nous étouffons en même temps que ses victimes … cela faisait bien longtemps que nous n’avions plus mesuré le potentiel du comédien au moins depuis son dernier grand rôle qui remonte à 2009 avec "Public Ennemies " de Micheal Mann un autre biopic où il incarnait un autre bandit incontournable des années 30
John Dillinger . Le maquillage est visible dans STRICTLY CRIMINAL mais participe à l’effacement de l’acteur. Encore plus intéressant, son teint blafard, ses yeux bleu clair et ses cheveux peu foncés lui confèrent une aura fantomatique, tel un mort qui se pavane sur Terre. Il y a quelque chose de profondément inquiétant dans son physique et son comportement. Même en étant gentil, il est menaçant et son usage du double langage le rend terrifiant, imprévisible.Joel Edgerton est l’agent du FBI qui convaincra Bulger de faire affaires avec eux. Ami d’enfance et complice de toujours, il entrera dans l’univers mafieux et protégera plus que de raison son précieux indicateur. Très crédible et investi dans son rôle, Edgerton est le comédien qu’il fallait pour incarner John Connelly ! Le même constat est à faire pour Benedict Cumberbatch qui enchaîne les bons rôles avec une aisance remarquable. Sénateur et frère du malfrat, il aura une place moins présente mais tout aussi efficace dans l’intrigue de « Black Mass » (titre du film dans sa version originale). Le film est puissant et reste avec Mesrine de Jean-François Richet un film biographique sur banditisme les plus réussi.