Suburb Murder n’est clairement pas le Cat III le plus connu des amateurs de cinéma de Hong Kong. Il faut dire que son réalisateur, Jeng Kin-Ping, n’a que trois films seulement à son actif, et pas des plus connus : Body Lover (1993), Hong Kong Eva (1993) et donc le Suburb Murder (1992) qui nous intéresse ici. Même chose au niveau du casting, aucune grosse tête d’affiche, ni même de tête réellement connue si ce n’est Ku Feng dans un petit rôle. Pourtant, bien qu’au final il ne soit pas exceptionnel, il possède quelques atouts qui le rendent un minimum intéressant, à commencer parce qu’il s’inspire d’un fait divers qui avait fait pas mal de bruit au début des années 80 à Hong Kong. Alors il est temps de faire un peu d’histoire…


Les meurtres de Braemar Hill se sont produits à Hong Kong le 20 avril 1985 lorsque les adolescents anglais Kenneth McBride (17 ans) et Nicola Myers (18ans) ont été tués par un groupe de cinq jeunes gangster sur Braemar Hill. McBride a été ligoté, battu et étranglé, et il avait plus de 100 blessures corporelles. Le corps de Myers a été retrouvé nu, la mâchoire cassée et le globe oculaire gauche sorti de son orbite. Les preuves montrent également que Myers a été violée. Ils étaient tous les deux élèves à l’école Island School. Ils avaient décidé d’aller se promener dans la campagne de Braemar Hill, puis de se poser pour étudier un peu, là où se trouvaient cinq membres de triades locales qui cherchaient à voler un câble pour se faire un peu d’argent. Ces derniers ont aperçu les deux étudiants et, voyant qu’ils étaient européens et déduisant qu’ils devaient être riches, ils ont décidé d’aller les voler. Le couple avait à peine un dollar, ce qui a provoqué la colère des cinq jeunes qui ont déclenché l’attaque. Parmi les anecdotes horribles qui auront leur « importance » dans le film, on pourrait citer le fait que les parties génitales de Myers ont été pénétrées par un bâton. Les proches des deux victimes ont prévenu la Police qu’ils avaient disparu. Les corps ont été trouvés le lendemain par un joggeur matinal qui a appelé la Police et cette dernière a déployé pas moins de 800 policiers sur les lieux du crime. La Police a interrogé plus de 10000 personnes vivant dans la région, ainsi que des membres des triades. Pour plus d’informations, je vous invite à visiter cette page. Fin novembre 1985, la Police a finalement mis la main sur le gang qui ont donné les détails sur les meurtres. Suburb Murder est donc basé sur cette tristement célèbre histoire sordide et toutes les marques de la Cat III sont là : personnes antisociales, déviance sexuelle, violence extrême, … Le tueur principal du film est arrêté très rapidement (au bout de la 6ème minute) et l’histoire va ensuite se construire à travers ses témoignages à la Police, via des flashbacks, de son enfance à ce qui l’a mené à faire ça, ainsi que les actes eux-mêmes.


On y apprend qu’il a été violenté / humilié par son père, abandonné par sa mère (qu’il retrouvera plus tard en tant que prostituée) puis par son père. Il fera partie d’un groupe de jeunes branleurs qui vont mal virer (viol collectif, passage à tabac, partouze dans des endroits glauques, …). Puis, lorsque son meilleur ami finira handicapé à cause de deux jaunes occidentaux et que sa fiancée se fera violer par ces mêmes européens puis tuer, son cerveau va vriller. Le ton du film est désespéré et même parfois sordide, la violence omniprésente (même du côté de la Police). Quelques scènes de sexe tout aussi sordides que le reste et parfois très racoleuses viendront ponctuer le récit de cette jeunesse livrée à elle-même. L’intrigue est correctement développée et le film ne présente aucun temps mort, mais la mise en scène est sans envergure, sans réel talent, presque amateur par moment, bien que cela a pour conséquence (involontaire hein) de renforcer l’aspect glauque. Comme beaucoup de cat III, certaines scènes sont de très mauvais goût (le viol au bâton par exemple, bien qu’il ait réellement eu lieu). C’est brutal et risquera d’en choquer certains par le côté offensant de quelques scènes. Ces scènes sont parfois désacralisées par un jeu d’acteur qui va du passable au très moyen, pour ne pas dire très mauvais (certains acteurs occidentaux ne semblent même pas être des acteurs professionnels). Et puis difficile de s’identifier à qui que ce soit dans le film. Certes, les deux tiers du film cherchent à nous rendre le personnage principal « sympathique », comme s’il cherchait à justifier les actes barbares du final. Mais comme on connait d’avance la finalité de la chose, le procédé en vain.


Suburb Murder est un Cat III qui, malgré des scènes assez choquantes, ne restera pas dans les annales. Le film se tient, en partie grâce à sa courte durée et aux faits qu’il relate, mais il n’arrive pas réellement à se démarquer de la masse.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-suburb-murder-de-jeng-kin-ping-1992/

cherycok
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le 23 janv. 2023

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