Un meurtre sans ciseaux qui brillent, c'est comme des asperges sans sauce hollandaise

Réalisé en 1972 par Jimmy Sangster, l'un des plus prolifiques scénaristes de la firme Britannique Hammer, il est notamment l'auteur du script de quelques classiques du genre comme Le Cauchemar de Dracula ou La Revanche De Frankenstein de Terence Fisher; ce Fear in The Night est un thriller psychologique à tiroir à la Agatha Christie qui contrairement à ce que peut faire croire son titre, se déroule la plupart du temps en plein jour.


Centré exclusivement sur quatre personnages évoluant dans un lieu clos, ce Whodunit se perd souvent dans un manque de consistance principalement dû à son scénario minimaliste. Une économie de moyens évidente qui à cause d'une réalisation trop souvent absente, se contentant de montrer les longues déambulations des personnages dans les couloirs de ce lieu mystérieux et fantomatique, une école abandonnée dans le cas présent, entrecoupé de scènes d'agression par un mystérieux personnage aux mains gantées.


La distribution, bien que fortement limitée, est pourtant loin d'être dénuée d'intérêt, avec un Peter Cushing qui se contente de quelques apparitions, l'incontournable Alan Bates dans le rôle du mari de la blonde potiche interprétée par Judy Geeson et Joan Collins qui vient fermer la marche. C'est tout.


L'idée d'enfermer quatre personnages dans un lieu mystérieux avec chacun des objectifs divergents peut faire rappeler au classique Les Diaboliques, sauf qu'ici on est loin de la mise en scène millimétrée et à l'exigence quasi maladive de Clouzot dans le déroulement de l’œuvre. Sangster semble très rapidement emprunté, se contentant de piquer des idées dans toute ses influences. On trouve du Hitchcock dans la forme méthodique et rituelle avec tous les artifices qui vont avec, la main gantée, la tension psychologique, un peu de Mario Bava pour la façon de faire évoluer les personnages dans ce lieu étrange où tout paraît suspect, quelques passages peuvent faire penser à 5 Bambole Per La Luna D'Agosto (L'Île De L'Epouvante en français) et un peu Clouzot pour l'évolution narrative et les retournements de situation. Sauf qu'ici c'est filmé platement et les artifices sont souvent tronqués et facilement détectables. Le coup du fusil ont s'en douté à peine...


Incontestablement plus à l'aise dans l'art de l'écriture, Sangster délivre ici un thriller dont l'intérêt se limite aux quelques apparitions du plus célèbre Van Helsing de l'histoire du cinéma, le très classieux Peter Cushing, et à quelques déambulations qui n'en finissent plus dans de longs couloirs d'inconsistance. C'est dommage, car avec une plus grande maîtrise de la part de son auteur et plus de consistance dans les idées de mise en scène, le scénario aurait pu donner quelque chose de bien plus passionnant.

Créée

le 1 déc. 2017

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