Pour les adeptes de méchants plutôt gentils...

« Suicide Squad » a réussi à être l’événement DC Comics le plus attendu de l’année. Le côté rock’n roll et transgressif qui l’accompagne lui a permis de sortir largement de l’ombre du « Batman contre Superman » apparu également cette année sur les écrans. Les affiches, les teasers, les révélations… Tout ce qui était rattaché à « Suicide Squad » alimentait l’attente de son arrivée dans les salles obscures. Je n’ai donc pas tardé à partir à la rencontre de cette curieuse équipe dont les membres possèdent tous un curriculum vitae peu académique.


Le point de départ de l’histoire est relativement simple. Les grands méchants que doivent affronter les hommes sont de plus en plus puissants : ils sont pourvus de pouvoirs ou de dons, ils viennent d’ailleurs… Bref, les autorités semblent bien démunies. Amanda Waller, directrice de l’ARGUS, émet une hypothèse : ne serait-il pas pertinent et efficace de constituer une « dream team » des plus grands criminels de nos prisons pour en faire une escouade spécialiste en mission suicide. Le projet original et inquiétant est accepté. Ainsi naît la Suicide Squad…


Le principal attrait du film est le casting de ce groupe pas comme les autres. Will Smith incarne Deadshot, le tueur à gage ultime. Son personnage est attachant car son humanité est évidente. Sa volonté de disputer le leadership à Rick Flag, nommé par les autorités donnent lieu à des échanges sympathiques. La touche de folie prend les jolis traits et les ravissantes courbes de Margo Robbie dans le rôle de Harley Quinn. Son interprétation est remarquable et ne peut pas laisser indifférent le spectateur. Elle occupe une place à part. Capitaine Boomerang et El Diablo sont légèrement en retrait mais apporte leur part à l’équilibre de l’ensemble. Le premier amène son côté déluré et vénal quand le second se montre curieusement pacifiste dépareillant dans l’atmosphère locale. Tout ce petit monde est encadré par Rick Flag, soldat modèle et superviseur de l’escouade et de la reine du sabre Katana.


Le côté charismatique des personnages principaux laissent peu de place pour les autres protagonistes. Celui qui s’en emparer le mieux est le Joker. L’interprétation faite par Jared Leto du personnage est une belle performance. Bien que secondaire dans l’intrigue, le légendaire méchant de l’univers DC ne laisse pas indifférent à chacune de ses apparitions. Je serai ravi de le voir réapparaître dans de prochains opus. Amanda Waller est un personnage antipathique. Cette femme dominante écrase ceux qui ne marchent pas dans sa direction et mène d’une main de maître ses meurtriers en mission. Viola Davis est crédible dans ce rôle-là. Le personnage le plus décevant du film reste l’Enchanteresse qui joue la grande méchante. Ce n’est pas dû à la performance de Cara Delevigne mais à une écriture du personnage qui frôle le néant.


D’ailleurs la place laissée à l’Enchanteresse est révélatrice de la qualité d’écriture du scénario. Il est réduit au minimum. La Suicide Squad doit tuer un monstre qui a posé sa tente dans un bâtiment en ville et qui met la Terre en danger. Il n’y a rien de plus à en dire. L’intérêt du film est de suivre la cohabitation entre ces gros caractères aux codes moraux variables. Cet aspect est très réussi. Par contre, l’absence de surprise et de rebondissements est dommageable. Le manque de densité de la narration fait que finalement on trouve l’histoire plutôt divertissante mais à aucun moment passionnante. Le suspense est inexistant. C’est un choix artistique que je regrette. Je pense qu’il était possible de faire exister les personnages tout en les faisant naviguer dans une trame intense et captivante. L’écriture manque d’ambiance et apparaît un petit peu fainéante…


Cette fragilité narrative a pour conséquence de générer un rythme plutôt « pépère ». Malgré le fait qu’ils évoluent dans un décor de guerre civile apocalyptique et qu’ils doivent combattre des sortes de zombies, les héros ont relativement beaucoup de temps pour discuter, se disputer, se raccommoder et même pour boire un coup. Cela fait que l’intensité faiblarde du film empêche de se captiver pleinement pour leur combat. L’enchainement des événements est trop lent pour générer une atmosphère oppressante de survie qui devrait convenir aux enjeux du film. C’est dommage car les scènes de bataille sont plutôt réussies et arrivent plutôt bien à mettre en valeur les spécificités de chaque membre de l’équipe. Peut-être qu’en réduisant la durée du film, le réalisateur aurait pu offrir un scénario plus énergique et prenant à défaut d’être surprenant.


Pour conclure, « Suicide Squad » est loin du grand divertissement transgressif que sa promotion sous-entendait. Dans un premier temps, en sortant de la salle, j’ai ressenti de la déception. J’espérai bien davantage que le film m’avait offert. Néanmoins, mon sentiment par la suite a été moins dur. J’avais passé un bon moment. Les personnages étaient sympathiques. Finalement, il ne fallait peut-être pas en attendre davantage…

Eric17
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le 7 août 2016

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