Dany Boyle plus que de réinventer le genre, il démontre son habilité à faire un joli mash-up des succès de Brian de Palma (Mission To Mars) et de Ridley Scott (Alien, Prometheus) tout en y incorporant une touche d'originalité.
Le soleil, un astre trop peu étudié par les réalisateurs présente dans le film une ambivalence qui elle même introduit deux grands thèmes traités: la vie et la mort. La Terre se meurt et seul le soleil est en mesure d'y réinsuffler la vie. Mais l'étoile s'avère mortelle pour l'équipage. Nous arrivons donc à l'idée de sacrifice pour l'humanité: un équipage pour la planète Terre.
L'homme est impuissant et fini dans l'immensité de l'espace et du temps. Une simple erreur de calcul propulse le vaisseau droit vers l'abîme, dans un milieu plus qu'hostile, celui de l'espace et du vide. Le thème de l'homme y est traité et plus particulièrement celui de l'humanité et de la société: L'erreur de calcul, le meurtre, la hiérarchie et son obsolescence, le sens du devoir...
Mais plus que les thèmes traités c'est sans aucun doute l'atmosphère anxiogène qui fait l'intérêt du film. Le bruit des alarmes, les froissements de la coque par la puissance lumineuse, les quantités de vivres limitées sont autant de facteurs qui, je trouve, suscitent un suspens incroyable. Mais tandis que Boyle aurait pu se contenter d'un bon space-movie, il verse soudainement dans ce qui pourrait s'apparenter à de l'horreur et donne alors un second souffle à sa réalisation. L'introduction d'images subliminales ont un rendu psychédélique qui appellent la folie, un homme boursoufflé par les cloques et les brulures se fait le chantre de la finitude et du divin et se lance dans une traque à l'interieur du vaisseau. Le sang coule sans modération, les morts sont variées et cruelles.
Seuls quelques détails viennent ternir le rendu final: le passage d'un membre d'équipage d'Icarus 1 au module de transport enroulé dans une couverture de survie. La prochaine fois, un simple drap en lin blanc fera l'affaire...Aussi, pouvoir survivre 6 ans la chaire à vif est digne d'un roman de Stephen King mais assez improbable en ce qui me concerne.
En résumé, on ne s'ennui pas à un seul moment. La charge émotionnelle est relativement forte du fait des thèmes abordés et du diptique space-movie/film d'horreur choisi délibérément par Dany Boyle. C'est du bon cinéma.
Jules_Pedrau
9
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le 11 août 2013

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Jules Pedrau

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