Après avoir sa femme, ancienne junkie, partir aux bras d'un dealer, un cuistot tout à fait banal va péter les plombs et devenir un super-héros afin non seulement de la récupérer mais, accompagnée d'une vendeuse de comics, aussi de rétablir l'ordre.
Super est le second film réalisé par James Gunn et le projet porte en lui les germes d'un désespoir, comme s'il jetait toutes ses forces dans la bataille. Cela s'explique par un budget réduit, où il y a deux scènes avec des effets spéciaux (dont une où on voit Dieu sous les traits de Rob-Zombie !), le filmage à l'arrache, mais surtout cela reste dans un univers plausible où on suit en gros un type qui large les amarres avec la réalité. D'où la très bonne idée d'employer Rainn Wilson dans le rôle principal, avec son physique lui aussi étrange, mais qui ne nous fait oublier le Dwight Schrute qu'il y a en chacun de nous. L'autre bonne surprise est dans la présence d'Ellen (dit Elliot) Page dans cette assistante à la Robin qui au fond n'attendait que l'arrivée de ce mec maboule pour assouvir ses envies de justice, quitte à franchir la ligne rouge lors de scènes bien trash où on reconnait la patte de l'ancien de la Troma qu'est James Gunn. On croise aussi Liv Tyler, Kevin Bacon, et Michael Rooker (son acteur fétiche) en homme de main.
Certes, l'histoire peut rappeler d'autres films avec des héros sans super-pouvoirs comme Defender et surtout Kick-Ass, mais je trouve que Super a pour lui un côté craspec, barge, parfois malsain quand on voit Rainn Wilson, mais qui n'hésite pas à convoquer la réalité lors de scènes où l'on rit jaune. Je cite par exemple celle où ce dernier invective un type qui passe devant tout le monde le long d'une file, et il retourne dans sa voiture se changer, pas facile de s'habiller dans un espace aussi réduit, et il réapparait en super-héros pour le massacrer à l'aide d'une clé à molette.
Au fond, c'est peut-être à ce jour la plus grande réussite de James Gunn, car on sent qu'il a pu faire ce qu'il voulait, dans les limites de son budget, mais un excellent casting et l'idée de la folie qui est là en permanence.