Double agent 73, rebaptisé en français avec beaucoup de poésie Supernichons contre mafia chez nous est un film aussi hors norme que l'imposante poitrine de son héroïne. Réalisé en 1974 par Doris Wishman alors qu'elle a quand même soixante balais et une imposante filmographie de nudies improbables derrière elle, Double agent 73 est un formidable navet totalement Z qui met en vedette la strip-teaseuse (et avouons le, bien peu actrice) Chesty Morgan et ses incroyables 183 centimètres de tour de poitrine.


Afin d'identifier une taupe de leurs services et de retrouver le chef d'un gang agissant dans le domaine du trafic de drogue, l'agent secret Jane Tennay se retrouve avec un appareil photo implanté dans le sein gauche. Elle doit alors infiltrer la pègre locale et prendre un maximum de photos compromettantes.


Les films comme Supernichons contre Mafia ne peuvent pas se juger d'un point de vue objectif et purement critique car leurs qualités sont si rares que ce sont les défauts qui en font paradoxalement toute la saveur. Objectivement, Supernichons contre Mafia est horriblement mauvais au point d'avoir fait au fil du temps de Doris Whisman une sorte de Ed Wood au féminin. Mais voilà, quand c'est à ce point nul, quand c'est à ce point hors normes ça devient paradoxalement génial …. Les pires défauts sont donc les plus belles qualités du film et donc à cette occasion les points positifs et négatifs ne feront exceptionnellement qu'un .


Pour commencer le scénario est absolument débile et bien malin qui pourra expliquer l'utilité de greffer un appareil photo dans le nichon de cet agent secret ?? Est-ce vraiment très discret et pratique de sortir ses miches à tout bout de champs pour faire une photo ? Est-ce qu'il y-avait plus de place dans un seul nichon de Chesty Morgan que dans son sac à main pour y cacher une caméra ? . On s'interroge aussi pour savoir comment l'agent Jane Tennay fait la mise au point, le cadrage et d'où sort le flash pour les intérieurs un peu trop sombre lorsque qu'elle soulève machinalement son nichon pour faire un cliché. En tout cas l'opération d'implantation de l'appareil photo s'est super bien passé, l'agent n'ayant qu'une minuscule griffure ridicule en guise de cicatrice sur le sein.


La réalisation de Doris Wishman est un pur concentré de tout ce qu'il ne faut pas faire dans un film au point de faire de Supernichons contre mafia un catalogue abyssale de mauvais goût et de j'en foutisme complet. Cadrages approximatifs, images flous, mise au point défectueuse, montage honteusement paresseux, zooms tremblotants, direction d'acteurs à la ramasse, scènes d'action poussives, stock shots de remplissage, vulgarité crasse et bruitages ridicules.... la liste est vraiment longue. Le film est toutefois involontairement drôle comme lorsque Doris Wishman filme une pauvre et poussive poursuite de voitures en accéléré (façon Benny Hill) histoire de lui donner un peu plus de punch. La séquence durant laquelle la pauvre Jane Tennay est retenue captive et battue par ses ravisseurs est aussi un très grand moment de comique involontaire, car entre les faux raccords qui transforment des coups de poings en claques ridicules, les bruitage de coups très approximatifs, le maquillage sommaire du visage tuméfié et inexpressif de l'actrice on a rarement vu une scène de torture physique aussi mal foutue. Même lorsque la réalisatrice copie ouvertement la scène de la douche de Psychose elle ne parvient qu'à faire sourire de consternation. Mais attention, aussi innatendu que ça puisse paraître Doris Withman possède toutefois un point commun avec Tarantino puisqu'elle filme de manière assez compulsive et fétichiste les pieds à longueur de temps.


Quand à la pauvre Chessty Morgan (dont le vrai nom est Lillian Wilczkowsky) elle se révèle être une des plus mauvaise actrice jamais vue sur un écran de cinéma. Totalement inexpressive, affreusement mauvaise comédienne, aucunement charismatique, l'ex strip-teaseuse d'origine polonaise ne doit de toute évidence sa présence à l'écran qu'a son imposante et monstrueuse paire de seins. La comédienne joue tellement mal avec un accent polonais à couper au couteau qu'elle sera finalement doublé en post production. Pour cacher un peu le subterfuge, Doris Wishman cadrera lors des scènes de dialogues bien plus souvent les seins de son actrice que son visage. Mais malheureusement même au niveau mammaire Chesty Morgan fait plutôt peine à voir avec une poitrine débordante de toute part de soutifs fatalement bien trop petits pour elle ou tombante et flasque sur son ventre en rappelant inexorablement les tristes lois de l'attraction terrestre . Quand à la manière un poil racoleuse, vulgaire et systématique avec laquelle Doris Wishman filme les seins de la comédienne, elle tient plus du spectacle des monstres de foires que de l'érotisme paillard et joyeux d'un Russ Meyer au point de faire de l'exploitation de son actrice un spectacle parfois embarrassant.


Pour pleinement apprécier Supernichons contre mafia il convient de regarder le film en version française tant le doublage est un monument de vulgarité et de grand n'importe quoi. On imagine sans peine qu'une bande de doubleurs de films pornos bon marché ont du être engagé et payés à coups de pack de six pour accoucher de dialogues sans doute improvisés aussi approximatifs que stupides et bêtement grossier. Lorsque par exemple l'agent l'agent Jane Tennay se réveille de son opération elle s'interroge en ses termes « Pauvre connasse on t'as implanté une caméra dans ton gros nichon et que se passerait il si un mec te suçais le mamelon ? Tu aurais une photo de ses amygdales ? « Bien plus obscur lors d'une bagarre au ralenti durant laquelle l'agent se bat à coups de nichons avec un malfrat ce dernier s'interroge : « Oh la nature c'est gouré , elle lui a collé les miches devant et les nichons au cul ». A noter que ce dialogue subtil en voix off est une pure invention puisque dans la version originale la scène est totalement muette. Dans le même ordre d'idée un simple et très court « tu ne t'en sortiras pas comme ça » dans la version originale devient dans la langue de Molière « J'ai plus d'un tour dans mes roberts, tu vas y passer couilles molles sans même avoir eu le temps de tirer un coup ». Le comble du raffinement de la langue française surviendra lorsque deux jeunes gens un poil éméchés au whisky s'apprête à faire l'amour. En VO la jeune fille s'interroge « je ne sais pas si tu vas pouvoir m'être très utile ce soir « traduit en version française par « T'es tellement bourré que tu pourras pas me baiser » ; ce à quoi le jeune répond en VO « Te fais pas de mouron bébé je suis encore capable de m'occuper de toi » traduit presque correctement par « T 'inquiète tu vas avoir ta portion bébé ». La jeune fille un peu coquette et raffinée dit alors a son compagnon « Attend un peu je ne suis pas prête, je vais passer quelque chose de plus confortable », ce qui en français donne ce magnifique dialogue plein de poésie et de raffinement : « Attends un peu j'vais m'laver le cul, tiens la bien droite je serais pas longue ».


Musique jazzy d'ascenseur, costumes ultra kitsch, décor unique servant à plusieurs scène, papier peint à fleurs, dialogues orduriers, mise en images racoleuse, acteurs mauvais... Supernichons contre mafia est un attentat presque perpétuel tant sonore que visuel au bon goût.


Merci chaleureusement l'éditeur Sidonis d'avoir sorti ce petit bijou de série Z en DVD dans une édition fort sympathique ( Documentaire sur Doris withman écrit par Marc Toullec – Interview de Patrick Brion par Christophe Carrière). Supernichons est un qu'il faut garder précieusement pour les soirs de déprimes et les soirées entre potes, car au même titre que Devil's story il était une fois le diable et tant d'autres, Supernichons contre mafia est un film absolument incontournable pour les amateurs de nanars et les cinéphages déviants.

freddyK
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le 22 janv. 2019

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