La version cinéma du roman autobiographique éponyme de Sylvain Tesson est d'avantage une adaptation fidèlement inspirée qu' une transposition linéaire du livre à l'écran. Pour des besoins scénaristiques et des nécessités de narration, la temporalité et le déroulé prennent des distances avec le livre même si son esprit est scrupuleusement respecté.
Pierre, après un accident qui l'a sérieusement handicapé en lui ayant fait frôler la mort, se lance dans la traversée de la France à pied au mépris des avis des ses proches et de ses médecins.
Ce cheminement se mue en une thérapie introspective qui lui permettra de renaitre en redécouvrant son âme et la liberté qui va avec après avoir compris ce qui l'a poussé à frôler la mort.
L'introspection est toujours délicate à retranscrire à l'écran .
Grace à un scenario et un montage savamment ciselés , le film de Denis Imbert parvient à retranscrire cette métempsychose tout en offrant au spectateur une ballade dans les paysages magnifiques du Mercantour, du massif central et de la creuse.
On regrettera cependant que le film n'aille pas plus loin . On aurait aimé que les contacts du personnage principal avec les habitants de ces territoires hyper-ruraux soient d'avantage étayés car il y avait certainement beaucoup plus à en dire que les petites esquisses qui nous en sont proposées ( déserts médicaux, simplicité , exode rural, abandon ...).
Il en va de même sur les tronçons de marche que Pierre fait avec sa soeur, son ami ou des rencontres passagères. Ceux-ci auraient mérité d'être d'avantage développé car ils offrent de jolis moments de partage et d'humanité .
Ces éléments auraient donné d'avantage de saveur et de vie à cette adaptation cinématographique sans la dénaturer.
Si Jean Dujardin est de tous les plans et porte le film avec talent, justesse et sobriété, il n'est pas évident qu'il ait été le meilleur choix pour ce rôle.
Le personnage de Pierre reste indissociable de la personnalité et du physique de Sylvain Tesson, l'auteur du roman. Peut être aurait il fallu qu'il tienne lui même son propre rôle ... Mais ce n'était sans doute pas sa volonté ni son métier ....
Jonathan Zaccai, qui dans le film joue le meilleur ami du personnage principal , aurait de mon point de vue d'avantage collé au personnage .
Malgré ces quelques réserves, "Sur les chemins noirs" reste un très beau film qui nous offre de jolis moments d'évasion, de dépaysement et de réflexions philosophique sur la liberté et le gout de la vie au travers de la beauté du monde et de la simplicité de l'essentiel .
Et bien sur, tout cela est bon à prendre !