Bien aimé le choix de localiser le film dans le Berlin des années 70 et de profiter de son architecture imposante et d'un arrière-plan d'agitation sociale. L'ambiance très gynécée de la troupe de danseuses d'avant-garde permet de concentrer les rapports de domination et la tension sexuelle incontournable alors qu'est annoncée d'emblée la thématique de la sorcellerie (jolies séquences oniriques). Le casting épouse vraiment bien la caractérisation des personnages et les scènes de danse fonctionnent parfaitement, rendant palpable leur dimension rituelle (autant dans ses conséquences mutilantes pour la victime que lors du grand sabbat). Enfin, le film a un côté glacé voire intellectuel(isant) avec qui le final grand-guignolesque et assez bisseux vient faire plaisamment contraste.
On peut peut-être reprocher à Suspiria de vraiment prendre son temps, de diluer un peu trop le rôle pourtant intéressant du vieux psychanalyste qui tente de faire surgir une vérité à partir de ce qu'il considère comme des fantasmes. Et je ne me lancerai pas dans des comparaisons avec l'original de Argento car vu il y a trop longtemps pour en avoir un souvenir précis. En l'état, cette mouture 2018 me parait très bien tenir la route en proposant un spectacle artistiquement engagé.