1er film de l’année choisi simplement par son affiche.
Swallow a été une découverte totale.


J’ai été dès les premières minutes charmé par la photographie de Swallow. A la fois clinique avec cet appartement sans âme et froid et parfois très coloré via les tenues de Hunter.
Un aspect froid qui revient tout au long du film avec les relations qu’Hunter peut entretenir avec son mari, avec ses beaux-parents et même sa mère.


Tout le film est construit comme un étau autour d’Hunter. Elle est prise au piège. Dans le piège de sa maladie (PICA qui l’invite à ingérer toute sorte d’objet) et dans celui de sa « famille » qui lui rappelle sans cesse qu’elle a de la chance d’avoir ce mari tout en lui rappelant qu’elle n’est pas au niveau. D’ailleurs on l’écoute peu et on la rabaisse sans cesse. Et PICA est finalement le seul moyen pour Hunter d’attirer l’attention sur une famille qui représente la réussite, soit tout le contraire d’elle et de sa famille.


C’est une véritable prison dans laquelle Hunter va s’apercevoir qu’elle n’a aucune échappatoire. Un effet prison renforcée par le fait qu’Hunter ne sort presque jamais de cette maison.


Et Swallow nous garde dans une constante tension par son ambiance et l’étreinte qui sans cesse se resserre autour de Hunter qui en vient à être chassée de sa propre maison. Il est assez ironique d’avoir appelé le personnage Hunter tant elle semble être une proie dans ce monde de loup.


Interprétée par la brillante Haley Bennett, le personnage de Hunter captive durant l’ensemble du film. Pendant de longues minutes d’ailleurs, je me suis écharpée intérieurement pour retrouver où je l’avais déjà vu jusqu’à l’illumination ! Mais oui, elle fait la chanteuse hippie dans Come Back…
Haley Bennett captive par son regard. Elle installe le malaise par ses réponses équivoques. Elle entretien la tension par son attitude ambivalente et suicidaire. Par moment, Hunter se rapproche d’une psychopathe. Elle a une facilité à mentir, à nier la réalité, elle se comporte étrangement avec son mari, enchainant moment de bonheur avec des excès de violences inattendus. Elle est profondément angoissante et tristement touchante à la fois.
Si elle tuait l’ensemble de cette famille de connards imbus, ce ne serait en rien surprenant.


C. Mirabella-Davis construit avec Hunter un personnage très complexe, impossible à décrire


Swallow nous emmène dans ce voyage quasi loufoque d’une prisonnière de son passé et de son présent. D’enfant non-désir à épouse rejetée enceinte malgré elle, Hunter est une captive.


Il est malheureux que la fin soit balancée. Si construit, si pesant et prenant, le drame familial du passé d’Hunter est balancé en 5 minutes de manière assez grossière.
On aurait préféré rester sur l’image d’Hunter dans sa chambre d’hôtel, seul avec son festin.


Le film de Carlo Mirabella-Davis n’est pas autobiographique mais revient sur une histoire vécue. Il est d’un intérêt rare tant il se penche sur une maladie méconnue et le fait avec une humanité touchante.
Swallow se vit et on sort de la séance un peu chamboulé par ce que l’on vient de voir. A la fois si lent et si angoissant, le long métrage capte et nous permet de vivre avec beaucoup d’empathie l’histoire d’Hunter.


C’est une vraie réussite. Allez-y, rien que pour découvrir PICA et pour apprécier la vraie performance d’Haley Bennet

Halifax

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