Sweet Movie
5.8
Sweet Movie

Film de Dušan Makavejev (1974)

Voilà un film bien étrange, plus à ranger dans la section expérimental qu'autre chose.

Il n'y a pas vraiment d'objectif annoncé, on ne sait pas vraiment ce qu'on regarde, on ne sait pas vraiment où ça va. Et pourtant on ne peut s'empêcher de regarder. À cause du dispositif déjà : le spectateur est directement convié à regarder puisque les personnages regardent régulièrement l'objectif de la caméra entre deux répliques. Ensuite peut-être par voyeurisme : le sexe ça hypnotise. Puis aussi par la force des symboles : un homme qui sort un boudin de son pantalon, le coupe en tranche et distribue les morceaux à ses amis, c'est tout de même bizarre, vous en conviendrez. Pour ces moments de poèsie intense où le peu de narration présente stoppe complètement pour laisser place à une contemplation esthétique soutenue par une bande musicale plaisante, les images dérangent parfois, que ce soit des archives de guerre où des médecins étudient des cadavres en décomposition, où ces scènes filmées qui sous-tendent la relation sexuelle entre une femme adulte et trois petits garçons. Enfin parce qu'on essaie de comprendre ce rapport pourtant évident entre le sexe, l'amour, la vie et la mort : un lien très instinctif et universel. On essaie de comprendre aussi les différentes étapes, on ne comprend pas tout, mais le désir de percer ce mystère est fort, et ne pas assembler toutes les pièces au final ne déçoit pas grâce à l'écriture de très bonnes scènes, grâce aux différentes étapes de ce film qui constitue ce voyage un rien initiatique.

J'aime beaucoup le travail de caméra typique de la décennie 70's : un gros grain, des mouvements pas parfaits, et même un découpage un peu brut, mais une poésie émane de tout ça, soutenue par de belles chansons comme précisé plus haut. Et des acteurs qui semblent prêts à tout pour que ce film fonctionne. Cela aide beaucoup d'avoir une équipe soutenue.

Bref, une curiosité sur laquelle je suis tombé totalement par hasard (ha la glorieuse caverne des introuvables, que tu me manques).
Fatpooper
8
Écrit par

Créée

le 28 juin 2014

Critique lue 1.1K fois

7 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

7

D'autres avis sur Sweet Movie

Sweet Movie
Mahg
1

L'encyclopédie des dérives sexuelles

Un bon film pour fins gourmets amateurs de scatophilie, urophilie, émétophilie, et surtout, attention cerise sur le gâteau : de pédophilie ! Oui rien que ça ! Il s'agit à n'en pas douter, d'un...

Par

le 22 mars 2014

9 j'aime

Sweet Movie
lau_k
7

Smells like seventies' spirit

Un parcours carnavalesque, halluciné, à travers les seventies hurlantes. Tout y est : la structuration idéologique du discours, l'esprit d'expérimentation, les couleurs, les formes, le son, le...

le 4 avr. 2016

7 j'aime

6

Sweet Movie
Fatpooper
8

Sexe. Amour. Vie. Mort.

Voilà un film bien étrange, plus à ranger dans la section expérimental qu'autre chose. Il n'y a pas vraiment d'objectif annoncé, on ne sait pas vraiment ce qu'on regarde, on ne sait pas vraiment où...

le 28 juin 2014

7 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55