Un inclassable, avec un Aldo bluffant

A priori, le titre et l'affiche de ce film méconnu pourraient faire penser à une sorte de succédané de La Cage aux Folles, mais non, on en est même loin.

Le plus étonnant là-dedans, c'est Aldo Maccione, et sa performance indiquant une réelle capacité à dégager une émotion inhabituelle, que je ne lui connaissais pas. Il ne rend pas son personnage (de 'latin lover' délaissé) grotesque, et ne tombe pas dans la caricature grossière et facile. Il est donc peut-être regrettable qu'il se soit (fait ?) reléguer-cataloguer dans des films limités et nanars estampillés "Aldo la classe", une telle marque de fabrique ayant son lot d'avantages et d'inconvénients. Est-ce qu'Aldo, figure unique en son genre, a vraiment apprécié d'être caricaturé jusque dans Astérix par Uderzo (La rose et le glaive) avec sa fameuse marche du séducteur ?

Quant à Luchini, il fait partie de l'autre catégorie : c'est Luchini dans tous ses films ; un bon orateur et réciteur, mais on ne voit jamais de personnage différent à chaque fois.

A noter que la réplique de Luchini au personnage d'Aldo "A quoi sert de vivre avec un homme s'il a des réactions de femme ?" est bien sentie, et bien envoyée, là où ça fait mal...paf !

Nicole Calfan ne joue pas mal, mais c'est son rôle de "sous-préfète" qui ne fonctionne pas là-dedans, elle n'y est pas crédible, pas classe, mal fagotée tantôt comme une Clodette en short de foot, tantôt en ménagère, se retrouve vite pompette...et elle est censée sortir de l'ENA ?? M'ouais.

Ce film de 1982 (injustement ?) occulté n'a toutefois pas été perdu pour tout le monde, gloups !

Car il est flagrant que toute la scène avec le bébé à garder, confié aux soins des compères, aura bel et bien été sacrément exploitée par Coline Serreau. Cette dernière y ajoutera juste un mâle supplémentaire pour son opus Trois hommes et un couffin (=> en fait trois homos, et des "sacrés baiseurs" que la réalisatrice a voulu faire passer pour des hétéros ) sorti en 1985... Elle est allée jusqu'à reprendre Marthe Villalonga dans le rôle de la mère exubérante ; intéressant "emprunt" et imposture, ça, madame !