Après l'animation traditionnelle comme dans Nocturna, le cinéma espagnol se met donc à l'animation de synthèse avec Tad l'Explorateur. Est-ce une conséquence de la crise économique ? On sent en tout cas qu'Enrique Gato aurait été bien inspiré d'attendre d'avoir quelques euros en plus en poche avant de lancer son projet. Le manque de moyen crève les yeux et pas l'écran, la comparaison avec les studios Pixar et Dreamworks est absolument impitoyable pour le film et couperait presque l'envie de le regarder, tant on a pris l'habitude d'être toujours plus bluffé à chaque nouvelle production d'Hollywood.

Tad l'Explorateur est un hommage revendiqué et assumé (avec plus ou moins de réussite) au personnage d'Indiana Jones et à son univers. De ce point de vue le scénario manque cruellement d'originalité par rapports aux autres films du genre. Tad rêve de devenir archéologue à chapeau, mais il est maçon, un concours de circonstances va l'entraîner en Amérique latine à la recherche d'un fabuleux trésor, c'est à peu près tout. Le reste est constitué d'hommages outrageusement appuyés à Indi, au point de reproduire certaines scènes à l'identique.

Différence notable, la stupéfiante incompétence d'Enrique Gato pour le rythme et les scènes d'action. Là où Spielberg maîtrise à la perfection l'art de l'aventure exotique divertissante, Gato traîne ses scènes d'action comme un boulet. Là où Spielberg savait s'appuyer sur la musique de Williams pour rendre ces scènes flamboyantes, Gato nous impose une bande originale passe-partout et qui n'apporte aucun enthousiasme.

L'animation n'apporte rien de plus, le manque de moyens se fait ici criant. Si Disney a réussi à animer les magnifiques cheveux roux bouclés de Rebelle, Tad l'Explorateur ce contente de cheveux figés de bout en bout comme ceux d'une poupée. Les textures sont loupées, les détails absents et plus grave, les choix esthétiques des personnages sont discutables. Il y a Belinda, bombe atomique de service à qui on a collé des lèvres rouges pulpeuses sur la moitié du visage et des seins encore plus gros, le petit hommage à Lara Croft crève les yeux. Le plus bel échec est sans doute Tad, le héros, à qui on a infligé un Mister Patate en guise de tête. Certes il n'est pas interdit de créer des visages un peu caricaturaux, encore faut-il leur donner un sens. Tad a une grosse tête moche et on meurt d'envie de lui changer les yeux, le nez, la bouche et les sourcils...

Disons finalement que Tad reste un dommage collatéral du cinéma espagnol sur le chemin de l'animation de synthèse pour laquelle il sera un jour reconnu. On ne passe ni un bon moment, ni un mauvais, on reste neutre, le seul petit intérêt réside dans les trois personnages secondaires (comme toujours) et en particulier Freddy, indigène truculent qui se ballade avec une télé sous le bras, même en pleine jungle, afin de ne jamais manquer sa télé-novelas préférée. Certains s'amuseront à replacer certaines scènes dans l'épisode d'Indiana Jones correspondant, ils n'auront guère que ça à déguster.
Jambalaya
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le 5 avr. 2013

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