Une chose est sûre on a à faire à des cracs, ça place la barre très
haut. On se fera un plaisir de les épingler.



Le réalisateur John Luessenhop essaye de s'approprier avec Takers l'essence brute et performant du film Heat de Michael Mann pour en faire quelque chose de plus branché, criard, tapageur et bling-bling, appuyé par des acteurs chics et beaux gosse. Takers c'est un long métrage au fort potentiel qui reste vain malgré l'entreprise de sortir du format très codifié de ce concept, qui au final devient pratiquement une caricature de lui-même sans grande profondeur, ou le cinéaste finit par nous perdre malgré un effort de vouloir bien faire.


Au niveau du scénario c'est pas aberrant , mais c'est assurément du déjà vu. L'histoire possède quelques rebondissements attrayant, et quelques conjonctures sympathiques, mais le problème est que l'on devine tout trop facilement. On passe obligatoirement par ce qui fait l'esprit même de ce domaine de production ,en proposant étape par étape ce que d'autres ont déjà proposé par le passé.


C'est ainsi qu'on se retrouve fasse à un groupe de braqueur soudé, face à des flics désabusés, et un braquage à préparer où l'on sait d'avance que rien ne se passera comme prévu. Et comme si ça suffisait pas, il est facile d'imaginer le sort réservé à la plupart des instigateurs.


Franchement après tant de production sur ce genre cinématographique on est en droit aujourd'hui d'espérer un peu de renouvellement, certes je ne demande pas le plus original des films, mais un minimum d'effort tout de même. Ce qui me laisse assez pantois c'est qu'ils se sont mis à quatre scénaristes pour écrire Takers et que le résultat soit en définitive si prévisible et catégorisé.


La structure narrative est relativement pauvre et se contente de trop peu, ce qui forcément impacte sur l'attachement des différents protagonistes . Les dialogues peuvent être sympas et amènent à quelques punchlines bien trouvés mais ça reste sans texture dramaturgique .
On sent qu'avec certains de ces protagonistes le cinéaste essaye de créer un lien avec le spectateur en insufflant un mirage de profondeur en entrant dans leur vie intime, mais on ne s'attache pas car ça reste relativement mal traité et assez sobre, par conséquent inefficace. En même temps cela joue trop sur le côté séducteur et physique et pas du tout assez sur la psychologie, du coup que l'un d'eux vient à périr on s'en fout un peu.


La mise en scène n'est pas trop mal, cela n'a rien d'innovant ni d'extravaguant, mais Luessenhop se laisse aller à quelque petit coup de folie totalement bienvenu, même si je déplore un peu trop de caméra tremblante sur quelques séquences.


Faut reconnaître que pendant les phases d'action, il fait du bon boulot, même si c'est cruellement mal dosé. Par moments on s'ennuie et d'un coup ça vient à péter dans tous les sens et on finit par se ressaisir, comme s'il fallait que l'on passe automatiquement par les actions pour être captivé, ce qui traduit un manque de vigueur dans le récit.


C'est bien avec son action que Takers tire un minimum son épingle du jeu, elles sont très efficaces et donnent lieu à de belles cascades . C'est agressif, plutôt brutal et mouvementé et ça a le mérite de nous capter. Les affrontements au gun sont vivaces et animés, on croirait voir par endroits du John Woo en action. Les scènes de braquage sont plutôt bien rendu et assez intimiste ce qui est grandement profitable . Un déroulé d'exécution bien foutue notamment sur certaines poursuites appuyées par une qualité optique superbe.


Visuellement le film est charmeur et tape-à-l'oeil et joue beaucoup sur son éclairage et sur son allure classe à coup de belle bagnole à gros cylindre et de personnage sapé comme des stars qui se la racontent pas mal avec leurs gros cigares, leur beau costume, ainsi que leurs belles femmes. La BO composé par Paul Haslinger donne un aspect encore plus flambant, mais qui s'en sort vraiment bien avec quelques morceaux bien dynamiques et également beaux.


Ce goût du luxe plaît à son réalisateur qui n'hésite pas à vouloir en faire un atout majeur, ce qui en soit fait son effet et donne un caractéristique haut de gamme qui apporte un trait raffiné et tapageur. Mais à trop joué sur ce concept on a l'impression que ça devient superflu et que cela vient à masquer un problème de stabilité plus profonde.
De plus, cet angle élégant et chic vient un peu discrédité les comédiens qui passent pour un groupe de jeunes loubards se prenant trop pour de grands gangsters jouant dans la cour des grands. C'est un peu comme si Heat avait rencontré Fast and Furius premier du nom.


J'apprécie beaucoup la plupart des comédiens, mais fort suis de constater que ça reste relativement moyen, pas d'un point de vue performance, mais à cause du peu de place laissé à l'interprétation. Bien entendu certaines scènes sont bien sympas avec cette équipe et ce n'est en rien une torture que de les regarder, mais ça reste du strict minimum.


Curieusement A.J (Hayden Christensen) et Jake Attica (Michael Ealy) sont sans contexte les plus classes (surtout A.J), et également le plus touchant de la bande. Ils sont les seuls à être émotionnellement affichés et étoffés , bien que ça ait pu être mieux. Le chapeau va à merveille à l'acteur Christensen que je suis ravi de voir à l'écran.


Le chanteur Chris Brown campe le rôle de Jesse Attica, et il s'en sort pas trop mal en nous livrant de belle poursuite.Néanmoins, bon sang qu'est-ce qu'il peut se la raconter à fond. Il est agaçant et relativement lourd. Et comme si ça suffisait pas, on a un autre rappeur T.I jouant Ghost qui lui aussi se la joue gangsta-mafieux-bling bling, et en plus il joue de manière bien trop caricatural. J'attire l'attention sur le fait que tout ce qui est entrepris par eux deux est de loin le plus facilement devinable.


John Rahway (Paul Walker) et Gordon Cozier (Idris Elba) sont intéressants mais relativement plat surtout pour John (Walker). Gordon (Elba) est le chef de ce groupe et John (Walker) son homme de confiance est meilleur ami. Je trouve assez dérangeant de voir Idris Elba commander à une troupe de braqueur paraissant si jeune par rapport à lui, il fait un peu trop papa et ce fond mal dans le lot.
C'est hallucinant de voir à quel point le cinéaste John Luessenhop c'est inspiré des malfaiteurs Neil (Robert De Niro) et Chris (Val Kilmer) de l'oeuvre de Michael Mann. Et malgré la carrure d'Elba la relation des deux hommes ne sera jamais aussi puissante et percutante que celle des protagonistes d'Heat. Quant à Walker il est relativement superflu et se contente de jouer le bras droit. Je trouve cela dommage car encore une fois le potentiel est là, surtout que c'est sur Gordon que le réalisateur s'attarde le plus, toutefois on se moque un peu de sa relation avec sa soeur.


Vient enfin celui qui finit quand même par apporter une réelle crédibilité et texture à tout cela, ""Jack Welles"" tenu par la performance de Matt Dillon qui est toujours aussi doué. Dès que Matt Dillon entre en action on oublie le côté chic et on passe à la phase plus accrue et vive du sujet. Accompagné de son collègue Eddie Hatcher incarné par Jay Hernandez lui aussi vraiment bon, tous deux apporte ce degré de réalisme et d'ossature manquant cruellement à Takers. Par contre, je ne comprend pas du tout ce que Zoe Saldana fiche dans cette production, surtout avec un rôle si mineur, elle qui est si talentueuse.


CONCLUSION:


L'histoire de braquage, qui va mal tournée, reste assez classique et sans grande originalité mais énergique et divertissant dans ses actions. L'aspect graphique classe et chic est certes tape-à-l'oeil, mais outrancier ce qui fait comprendre que cet aspect n'est qu'un leurre comblant un vide scénaristique. Il faut attendre les courses-poursuites, les fusillades, et les braquages pour que le film soit intéressant. Certes on a droit à quelques rebondissements sympathiques, seulement la tentative de bien faire ne suffit pas. Ni mauvais, ni excellent, reste sympathique à voir une fois pour passer le temps.

B_Jérémy
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le 25 nov. 2018

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