Repasse ton Bechdel test, meuf

Cet été, j'ai voulu avec ma petite soeur qu'on montre Génial mes parents divorcent à nos nièces. Genre l'idée était cool, parce que ça pouvait leur parler le message de fond : c'est pas grave si tes parents se sont séparés, la vie c'est cool et puis y a les copains, c'est fun. Et c'est là que j'ai réalisé que quand-même, ça parlait beaucoup de cul en long en large, alors que les gamins sont pas encore vraiment ados. Que tout est très stéréotypé et sexiste. Et que surtout, l'histoire d'amour centrale, entre Julien et Pénélope, elle repose un peu sur rien. Oui, sérieux, je supporte plus ce truc de l'amour au premier regard, faut arrêter avec ça.
Bon, et j'ai été voir Tamara. Et ça m'a donné l'impression d'être (avec Les Beaux Gosses de Riad Sattouf) comme un descendant du film de Patrick Braoudé. En apparence, on a une bonne comédie familiale, avec des persos vaguement attachants, des histoires d'amours d'ados et des histoires de famille moderne. Et ça pourrait être cool.
Sauf que.
Sauf que, dès le premier dialogue est posé l'enjeu du film, aussi épais que celui des American Pie : va-t-on réussir à chopper cette année ? parce que sinon, c'est trop la loose...
Déjà, j'ai du mal avec la BD, parce que sous prétexte de casser les clichés en ayant une héroïne grosse, on y va tout du long à faire de la blague de gros, et c'est bien relou et plutôt contradictoire. Eh bien le film, c'est à peu près pareil.
Le message, c'est, pour ainsi dire : t'es grosse ? t'inquiète, toi aussi tu peux être bonne et avoir des relations superficielles avec des beaux gosses. Voilà, tout est dit.
Et alors qu'on pourrait superficiellement croire à un film se battant contre les clichés (arrêtez d'être méchant avec les grosses), on en a une collection : t'es un BG musclé, t'es pas très fort en maths, t'es un boutoneux à lunettes, t'es frustré et tu te venges sur les autres, t'es une belle nana blonde, t'es méchante et tu fais chier les autres, t'es black, t'as le rythme dans la peau, t'es un garçon qui préfère discuter que baiser, t'es gay... etc, etc.
Mais surtout, à en croire ce film qui ne passe pas du tout le Bechdell test, l'humanité entière n'a qu'un seul sujet de préoccupation en tête : dès la première scène on a nos héroïnes qui commencent à faire des plans pour chopper des mecs. Dès que des filles parlent, ados ou adultes, elles parlent de mecs. Ou éventuellement de leur apparence (ce qui revient implicitement à parler de leur taux de séduction pour chopper des mecs). Mais le truc niveau parité, c'est qu'il en va de même pour les mecs qui lorsqu'ils parlent entre eux ne parlent que de meufs.
A la fin, on ne comprend pas bien pourquoi qui que ce soit veux pécho machin ou truc, puisque aucun d'entre eux n'a de préoccupation ou passion. Je veux dire, ce qui fait qu'on construit une histoire d'amour, c'est bien qu'on se trouve des points communs, des liens, ou encore des différences radicales qui justement vont nous fasciner et nous enrichir. Là, on ne sait rien sur personne. Personne n'a de goût, d'intérêt, d'aspiration. A part celle de pécho. Et vraiment de pécho pour pécho.
Enfin, sauf si l'on excepte le papa chanteur de Tamara, mais qui lui, comme il a une passion, est absent de la vie de sa fille et d'ailleurs ne pécho personne.
Et sérieux, ça dit quoi de tous ces gens ? Ben, je sais pas, mais pas grand chose de beau.
En gros, ça aurait pu le faire, parce que les acteurs sont pas si mauvais (du niveau d'une gentille comédie française, quoi), c'est rythmé et frais, y a des trouvailles visuelles funs et intelligentes, des blagues qui font sourire. Mais suffit que tu fasses un peu attention à ce qui se passe et résultat, ça saute au yeux : c'est idéologiquement absolument craignos.
Alors bon. Bof bof, quoi.